La femme est l'avenir de l'homme. Dans notre pays, c'est justement cet avenir qu'il faut définir. Un collectif d'associations de défense des droits des femmes entend peser sur le débat pour une amélioration du statut et de la situation des femmes marocaines. La Commission consultative royale chargée de la révision de la Moudawana est-elle aux abonnés absents ? On soutient le contraire. La commission nommée le 27 avril 2001 par SM le Roi pour lui soumettre un avis consultatif sur les possibilités de réforme de la Moudouwana, planche toujours. Sa démarche est inscrite en dehors de la conjoncture politique et à ce titre elle est tenue à la plus grande discrétion quant à ses travaux. En attendant, les trois femmes, les présidents de conseils provinciaux, Ouléma, universitaires et spécialistes en théologie qui constituent la commission dirigée par Driss Dehhak, n'ont pas particulièrement bonne presse auprès des militantes et militants féministes. Il leur est reproché la « lenteur » de leur démarche dans un dossier que l'on estime « de la plus grande urgence ». Depuis que la commission avait convoqué en avril dernier plusieurs personnalités féminines pour une séance d'audition autour des grands axes de la prochaine réforme, aucun élément nouveau n'est venu soutenir le moral des troupes. Des associations féminines et des militants de la cause de la femme ont donc jugé utile de donner un coup de manivelle à la machine « tournant au ralenti » à travers la création d'un collectif regroupant 9 associations féminines sous l'appellation évocatrice de « printemps de l'égalité ». Le 29 octobre dernier, le collectif regroupant l'Association démocratique des femmes du Maroc, le Centre d'orientation juridique et psychologique des femmes agressées, le Collectif 95 Maghreb égalité (Maroc), l'Association Amal, Femmes en mouvement pour une vie meilleure, l'association INSAF pour les femmes en situation difficile, Joussour, Forum des femmes marocaines, la Ligue démocratique des droits de la Femme et l'Union d'action féminine, donnait à Casablanca sa première conférence de presse. Histoire de mettre la pression à une commission royale, qui à ce titre n'a de compte à rendre qu'au Souverain ? Le collectif s'en est vigoureusement défendu. Une démarche visant plutôt à donner un appoint au travail de la commission à travers un document de base sous forme de mémorandum. Le document rédigé par le soin du collectif consacre justement le principe de l'égalité, comme pivot de toute réforme des textes actuels et rappelle, « à toute fin utile » diraient les euphémiques, les points qui doivent être touchés par la prochaine réforme. Il y est question, entre autres, d'unification de l'âge de mariage à 18 ans pour l'homme comme pour la femme, égalité qui ouvre la voie à la possibilité pour chacun des conjoints de contracter le mariage « de son propre chef » comme de prendre en charge, à titre égal, l'entretien de la famille, l'éducation et la tutelle des enfants. Les rédacteurs du mémorandum cadrent également la prononciation du divorce, la limitant aux cas de commun accord entre les conjoints, de demande de l'un des deux, d'un préjudice subi ou d'un préjudice mutuel. Dans l'un de ces cas, les biens acquis durant la vie conjugale sont alors partagés, insistent-ils. La garde des enfants est également frappée du sceau de l'égalité, avec liberté pour celui des parents gardant les enfants de se remarier et de conserver le domicile conjugal. Quelques points saillants donc auxquels ne s'arrêtent pas les auteurs du printemps de l'égalité, tant affirment-ils, toute la philosophie de la Moudouwana doit être changée. Afin, clame-t-on, que le respect des droits de l'Homme tels qu'ils sont universellement reconnus, et pour la promotion desquels œuvrent toutes les potentialités de la société, ne s'arrête plus à la porte d'entrée des foyers marocains.