Lundi 26 avril, un quadragénaire, père de famille, comparaîtra en état d'arrestation, devant le juge d'instruction près la Cour d'appel de Fès pour avoir asséné des coups de pierre mortels à sa femme en pleine rue à Sefrou. Lentement, Mohamed traînait ses pas vers la porte du commandement de la gendarmerie de la ville de Sefrou, à 28 km au sud-est de Fès. Personne ne le connaissait. Perturbé, il s'est arrêté et a fixé le planton qui se tenait à l'entrée du commandement. Il lui a mis la puce à l'oreille surtout qu'il donnait l'impression qu'il ne s'était pas reposé depuis quelques jours. Le planton lui a adressé directement la parole : «Qu'est-ce que tu cherches ?». Mohamed le fixait sans dire mot. Comme s'il cherchait vainement la réponse. Le gendarme lui a demandé une autre fois ce qu'il voulait au juste. Et la réponse était comme une bombe qui a explosé au visage du gendarme : «C'est moi que vous recherchez depuis deux jours… J'ai tué ma femme». Mohamed est à son quarante-deuxième printemps. Il n'a jamais imaginé être l'assassin de son épouse, ni d'autres personnes. Il n'a jamais pensé rendre ses enfants orphelins de leur mère. Certes, il était l'un de ces maris qui maltraitaient leurs femmes pour de simples raisons. Mais la tuer ? C'était inimaginable. Leur première rencontre remonte à une quinzaine d'années. Ils n'avaient jamais eu d'histoire d'amour. Ce sont leurs pères qui les avaient choisis pour vivre sous le même toit. Leur vie conjugale était comme les vagues entre marées hautes et marées basses. Et parfois, ils arrivaient à la parfaite discordance au point qu'ils décidaient de divorcer. Seulement, ils n'arrivaient pas à le faire parce qu'ils pensaient à leurs enfants. En fait, il devait la répudier. Malheureusement, leurs malentendus se sont accumulés au point qu'ils sont arrivés aux soupçons. Mohamed soupçonnait que sa femme entretenait une relation extraconjugale. Vrai ou faux ? En fait, il ne lui a jamais posé la question. Il a gardé ses soupçons uniquement pour lui, sans les partager avec une personne quelconque. Pourquoi ? Il n'avait pas de réponse. Comme une boule-de-neige, ses soupçons s'amplifiaient au fil des jours au point que le moindre geste lui mettait la puce à l'oreille. Et pourtant, il s'est abstenu de l'interroger alors qu'il devait le faire pour mettre fin à ses doutes et prendre une décision finale, une décision qui lui aurait épargné de commettre un meurtre. Nous sommes dans la région de la ville de Sefrou. Mohamed était en compagnie de sa femme. Tous deux avaient l'intention d'aller rendre visite à un proche. Ils n'échangeaient pas le moindre mot tout au long du chemin. Tous deux plongeaient dans un silence des morts. Tout d'un coup, un téléphone portable a sonné. De qui ? De l'épouse. «Allô !», a-t-elle dit quand elle mis le téléphone sur son oreille. «Qui es-tu?», a-t-elle demandé à son interlocuteur. «Non, ce n'est pas moi», a-t-elle répondu avant de raccrocher. Son mari qui la fixait lui a demandé: «C'était qui». Elle lui a répondu qu'il s'agissait d'une personne qui a composé un faux numéro. Mohamed n'a pas cru sa réponse. Il a insisté. Il l'a accusée d'avoir un amant qui l'a appelée, mais qu'elle ne voulait pas lui répondre puisqu'elle était en sa compagnie. Elle a gardé le silence. Et il a commencé à l'injurier et la traiter d'infidèle. Hors d'elle, elle lui a répondu : « Oui, c'était ton maître qui m'a appelée… Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?» Et c'était la réponse qui l'a rendu comme un monstre. Mohamed qui était désarmé a saisi aussitôt une grosse pierre et a asséné plusieurs coups à la tête de sa femme avant de prendre la fuite. La femme s'est évanouie pour rendre l'âme quelques minutes plus tard.