Rachida Dati est-elle la victime expiatoire d'une rumeur ou est-ce l'occasion de mettre fin à l'ascension fulgurante de l'ancienne coqueluche du président Sarkozy? Fulgurante car rares étaient ceux qui connaissaient Dati avant qu'elle ne devienne, en 2007, porte-parole du candidat à la présidence de la République. Elle se retrouvera, après la victoire et au nom de la diversité, garde des Sceaux. Cette femme que j'ai qualifiée ici même de «produit politique» ne doit pas sa carrière à son militantisme ni à une quelconque popularité. Ce qu'elle a, elle le doit au président et surtout à sa proximité avec son ex-épouse Cécilia qui n'hésitait pas à dire à son propos «c'est plus qu'une amie, c'est une sœur». Cette rumeur, infâme par ailleurs, que j'ai eu à découvrir dans un quotidien marocain a été très peu reprise par la presse française, toujours prompte, et c'est son honneur, à faire la nuance entre vie publique et vie privée. Elle a été toutefois largement couverte par la presse internationale, notamment anglo-saxonne. L'Elysée va traiter cette affaire avec une dextérité certaine et un machiavélisme non moins certain. Ceci en trois étapes:La première étape consistait dans la dévalorisation de la rumeur. N'étant pas une information, une rumeur est par essence invérifiable. Réagir à chaud peut provoquer l'effet inverse en contribuant à sa diffusion. C'est ainsi qu'à ce sujet et en réponse à une question d'un journaliste anglais, Nicolas Sarkozy balaiera du revers de la main l'outrecuidance journalistique en lançant «Je n'ai pas une seconde, même une demi seconde, à perdre avec ces élucubrations». Seconde étape, c'est l'attaque en sortant les crocs et en déployant les boys pyromanes de l'Elysée. Les hommes du président (et jamais lui) vont évoquer l'idée du «complot», de «machination» et de «tentative de déstabilisation». La rumeur en devient un fait politique. Ils agitent par ailleurs la menace d'une enquête déployant les moyens de l'Etat pour savoir qui colporte ce type insanités sur le couple présidentiel. Objectif et message clairs: «la peur doit changer de camp». Et donc si ça passe cette fois-ci, qu'on vous y reprenne pas. Dati, dans un scénario humiliant qui lui retire ses privilèges subitement indus, deviendra une simple victime collatérale. Elle est people donc elle crédibilise l'accusation. Va pour sa crucifixion. Etape finale, C'est l'entrée en lice, jeudi, c'est-à-dire hier, de Carla Bruni-Sarkozy qui jouera, le pompier en traitant l'affaire «d'insignifiante» et en affirmant que Dati reste «tout à fait l'amie» du couple présidentiel. Fin de séquence. Résultat : il y a deux victimes Dati et la rumeur elle-même.