Le groupe pharmaceutique français, Sanofi-Synthélabo a déposé lundi un projet d'offre publique mixte d'achat-échange (OPA/OPE) sur son concurrent franco-allemand, Aventis. Le poids de la filiale marocaine de Sanofi, le leader Maphar, s'en trouvera plus renforcé. D'un montant de 47,8 milliards d'euros environ, le projet d'offre publique mixte d'achat-échange (OPA/OPE) annoncé, lundi, par le groupe pharmaceutique français Sanofi-Synthélabo est de nature à impacter le marché pharmaceutique marocain. « Sanofi-Synthélabo à travers Maphar est déjà leader sur le marché marocain. Sa capacité installée de façonnage est largement excédentaire. Ce projet de fusion avec Aventis est de nature à amplifier cette donne », estime un analyste de la place. Les statistiques du secteur pharmaceutique donnent à Maphar plus de 20 % de parts de marchés. La production locale satisfait 80 % de la consommation globale, au début des années 90. C'est là un résultat de la politique pharmaceutique, entamée dans les années 60, privilégiant la production par substitution aux importations. Par contre, le secteur pharmaceutique est entièrement contrôlé par le secteur privé, aux différents stades, de l'importation à la distribution de détail, en passant par la production et la distribution de gros. Il existe un service d'approvisionnement des établissements de soins publics (Pharmacie centrale) mais son impact sur l'évolution générale du secteur est faible. Les dix premiers laboratoires sur le marché ne sont pas en concurrence directe. Solidement implantés, avec un réseau de délégués médicaux relativement important, ils développent une stratégie de marketing axée sur leurs marques commerciales. Il s'agit en fait d'un marché segmenté qui pratique peu la concurrence par les prix. Cette situation est aussi le résultat de la réglementation qui organise un contingentement des importations. L'accroissement de la part des génériques dans ce marché suppose l'entrée de nouveaux acteurs dans le secteur de la production. En dehors des perspectives de développement de la consommation au plan global, la production de génériques ne peut s'accroître qu'au détriment de celle des spécialités originales actuellement commercialisées. Le niveau de rentabilité des investissements nécessaires, dans une situation où le marché est structuré par la présence de puissants laboratoires, ne semble pas garanti. Les perspectives offertes par le projet de généralisation de l'assurance-maladie, l'abrogation des dispositions relatives à l'obligation de produire pour importer, et l'uniformisation des modes de calcul des prix, à la production comme à l'importation, vont probablement avoir des conséquences considérables à terme. L'offre géante de Sanofi-Synthélabo, non-sollicitée par Aventis, vise à créer le numéro trois mondial de la pharmacie, a affirmé Sanofi-Synthélabo dans un communiqué. Son siège social sera à Paris. Reste à savoir comment réagira Aventis, qui affirmait encore ce week-end n'avoir entamé aucune négociation avec son concurrent. Cependant, l'actionnaire majoritaire, Total (24,4 % du capital), est réputé favorable à une OPA. En revanche, L'Oréal (19,5 %) du capital serait beaucoup plus réservé en raison des risques que présente ce type d'opération. Sanofi-Synthélabo vise l'obtention de la totalité du capital de son concurrent, soit 801.960.287 actions. Il ne donnera pas suite à son offre s'il n'atteint pas 50 % du capital et des droits de vote, a indiqué l'AMF. L'offre principale atteint 81 % en un échange de titres (OPE) et 19% en un versement de cash (OPA). Sanofi-Synthélabo estime que la clôture de l'offre devrait intervenir au cours du deuxième trimestre 2004. L'offre sera "relative sur le résultat net ajusté dès 2004", a affirmé Sanofi. L'offre mixte principale consiste en la remise de cinq actions Sanofi-Synthélabo et de 69 euros en numéraire pour six actions Aventis présentées. Selon le dernier cours en Bourse de l'action Sanofi-Synthélabo, le montant de l'opération serait donc de 47,8 milliards d'euros. Cette offre est assortie à titre subsidiaire d'une offre d'échange et d'une offre d'achat. L'offre d'échange subsidiaire consiste en la remise de 35 actions Sanofi-Synthélabo pour 34 actions Aventis, et l'offre d'achat en la remise de 60,43 euros pour chaque action Aventis. Les actionnaires d'Aventis sont libres de choisir l'une ou l'autre ou une combinaison des différentes offres. La taille des offres subsidiaires sera toutefois ajustée pour que la proportion retenue (81% en titres et 19% en numéraire) soit toujours respectée. D'après Sanofi-Synthélabo, cette opération suppose une prime de 15,2% sur la moyenne des cours de clôture de l'action Aventis du 21 décembre 2003 au 21 janvier 2004. Sanofi valorise chaque action Aventis à 60,43 euros. L'OPA/OPE vise à créer le troisième groupe pharmaceutique mondial, derrière l'américain Pfizer et le britannique GlaxoSmithKline . Ce groupe se serait classé numéro deux mondial si Aventis n'avait pas cédé à l'australien CSL, en décembre 2003, sa filiale de protéines thérapeutiques Aventis Behring. Selon Sanofi, la fusion avec Aventis permettrait de dégager des synergies de 1,6 milliard d'euros par an avant impôt, grâce à des économies sur les frais généraux et de commercialisation, l'optimisation des dépenses de recherche et développement et l'accélération prévue du chiffre d'affaires. Les coûts de restructuration associés sont estimés par Sanofi à 2 mds d'euro. Reste à quantifier l'impact financier sur le marché marocain. À suivre.