«Islam des lumières, lumières de l'Islam» est le thème de la conférence tenue dernièrement par Malek Chebel, anthropologue, spécialiste de l'Islam, dans le cadre de la 11ème édition de l'Université citoyenne de HEM. Par «Islam des lumières», Malek Chebel entend une ère de foisonnement intellectuel et scientifique et d'éveil des consciences comparable à celle produite en Europe au 18ème siècle grâce à des philosophes des lumières. «L'Islam est capable d'entendre et de promouvoir toute forme de progrès», a souligné Malek Chebel, anthropologue et traducteur du Coran lors d'une conférence organisée dernièrement à HEM à Rabat. Il limite l'expression «Islam des lumières» pour dire que ces lumières ne doivent pas être anticléricales comme cela a été le cas en Europe. Pour lui, de tout temps, l'Islam a été une religion des lumières. «Chaque dynastie ( depuis les Fatimides, les Abbassides, les Omeyyades, l'Andalousie, les Ottomans) a apporté d'abord pour elle même et puis pour toute l'humanité une plus-value remarquée». Et d'ajouter : « les «Lumières de l'islam» sont tous ces centaines de milliers de philosophes, de mathématiciens, parfumeurs, hydrauliciens, d'ingénieurs, spécialistes en agriculture... que l'Islam a produits, depuis toujours et qu'il va offrir au monde autant que par le passé, voire plus.» Pour que cela se produise, il suffit juste que les conditions se réunissent, «on doit se donner comme objectif d'améliorer la qualité globale de l'offre musulmane», a t-il expliqué. Pour rappel, selon le Vatican, ils sont aujourd'hui, 1milliard 400 millions de musulmans dans le monde contre 1milliard 300 millions de catholiques. Et dans quelques années, l'Islam sera la première religion au monde, «ce qui ne veut pas dire la religion la plus puissante» d'après M.Chebel. Toutefois bien qu'optimiste quant à l'essor de cette religion, Malek Chebel n'a pas manqué d'en noter les anomalies. «Jusqu'à aujourd'hui, nous n'avons pas un seul représentant au Conseil de sécurité de l'ONU. Aussi ce n'est pas normal que l'ensemble de la population musulmane soit piloté au plan stratégique par d'autres que les musulmans. Nous sommes obligés de poser ces questions par nous-mêmes par souci de vérité et pour la bonne analyse». Il note par exemple pour le 11 septembre, la mauvaise réaction de tous ceux qui ont manifesté de la joie. «S'il y avait une fatwa à faire, c'était d'excommunier ceux qui propagent la violence au nom de l'Islam», dit-il. «Pour le reste, nous nous sommes enflammés pour des choses secondaires : la question du voile, de la burqa, les minarets, les caricatures, la question de l'identité nationale, la viande halal». Pour conclure cette conférence, il a invité les musulmans à faire un examen partiel ou total de la conscience individuelle et collective. L'avenir nous appartient, nous serons les premiers responsables demain de ce que nous faisons aujourd'hui ». Par ailleurs , notons que ce cycle de séminaires de HEM représente une véritable formation pluridisciplinaire, touchant des thématiques socio-économiques, managériales, sociétales et politiques aussi bien nationales qu'internationales. Parmi les prochains invités de ces cycles, on cite Rachida Dati en mai.
D'autres rendez-vous • Vendredi 12 mars à la salle de conférences HEM Rabat, 18h30. Information et citoyenneté à l'heure du Media Global, Michel Richard, ancien P-DG de LCP TV. • Lundi 15 mars, 18h30-21h00. Développement durable et réchauffement climatique, Jacques Saint Marc, délégué du président du comité interministériel de pilotage français.