Ahmed Bouzfour, un écrivain marocain arabophone a annoncé son refus de recevoir "le Prix du Maroc du livre", la plus haute distinction culturelle du pays, parce qu'il dit avoir "honte" d'accepter cette récompense pour un livre dont les 500 exemplaires mis sur le marché n'ont toujours pas été vendus en deux ans. Dans un communiqué, Ahmed Bouzfour émet des critiques acerbes à l'encontre de la politique culturelle du gouvernement marocain. "J'aurais aimé recevoir un prix d'un gouvernement qui veut et qui peut mettre fin à l'analphabétisme" et "qui veut et qui peut augmenter le nombre des lecteurs", écrit l'auteur du recueil de nouvelles "Koknos". Dans un pays où 50% de la population est analphabète, la situation des écrivains et des maisons d'édition reste très précaire. Le livre le plus vendu au Maroc, "Tazmamart" de Ahmed Marzouki, a atteint une diffusion de quelque 50.000 exemplaires depuis 2001, un succès exceptionnel dans un marché de l'édition très étroit. Doté de 70.0000 dirhams (6.900 euros), "le Prix du Maroc du livre" est le plus important prix décerné chaque année par le ministère de la Culture pour les meilleurs écrits dans les domaines de la littérature, de la traduction et des sciences. Ahmed Bouzfour est l'un des plus talentueux nouvellistes marocains traitant, avec symbolisme et poésie, de thématiques novatrices telles que la vie citadine ou la solitude.