Vraiment la France a le chic pour se lancer dans des débats improbables, au goût douteux, aux conclusions impossibles et aux solutions introuvables. Les derniers en date celui de «l'identité nationale» et celui dit de la «burqa» en se télescopant et en croisant celui des «minarets» venu de Suisse ont créé un pataquès innommable d'où personne ne sortira indemne. Le risque le plus grand étant à mon sens de désigner une fois de plus l'étranger, et pour être plus précis «l'Arabe» et «le musulman» comme éléments extérieurs à la nation française, comme «entièrement à part» alors qu'en fait ils en sont partie intégrante. Les dégâts les plus dramatiques risquent de se faire sentir chez les jeunes : enfants de France, enfants «d'en France» où ils sont nés, où ils ont grandi, dont ils possèdent tous les codes, où ils ont tous leurs repères et qui de par la cause de cet odieux débat sur l'identité nationale, se renvoient à une question insoluble – puisque non-fondée = «qui sommes-nous», «où allons-nous » ? Ils se retrouvent «exportés» vers un pays de leurs parents, voire – bien souvent – de leurs grands-parents et du coup «mis au ban» du pays où ils vivent et où ils mourront. A coup sûr, la France aura à payer le prix de ces traumatismes psychologiques sur une jeunesse déjà fragilisée et qui se sentira de moins en moins tenue par les règles d'une société qui la rejette vers un «ailleurs» où elle ne peut aller. Le débat sur la burqa – faux débat – où la France s'est enfermée elle-même, fera évidemment des victimes dans la population féminine – à noter d'ailleurs que sur les quelque 300 cas de femmes portant ce costume qui n'a rien d'un précepte religieux – nombreuses sont les Franco-Françaises que l'on appelle «converties». Je partage l'aversion largement répandue (non pas chez les obtus ou racistes de tout poil) chez les gens de bonne foi – notamment musulmans – qui y voient toute autre chose qu'une recommandation religieuse, mais en se focalisant ainsi sur ce vêtement ne risque-t-on pas d'enfermer celles qui le portent dans une «prison» encore plus hermétique que leur voile ? Ne risque-t-on pas de voir soudainement leur nombre se multiplier ? Le dialogue, l'explication, la prévention auraient été mille fois préférables à ce débat stigmatisant… Bref, la France – et en tout cas sa classe politique – s'est mise d'elle-même dans un casse-tête en forme d'impasse. Quel en sera le prix à payer ? Il est difficile de le mesurer pour l'instant mais les échéances politiques à venir risquent d'en montrer une facette : la montée de l'extrêmisme. L'autre dégât collatéral tout aussi dangereux sera bien sûr la montée de l'intolérance… La France mérite mieux que cela !