Georges Frêche est coutumier du fait raciste et xénophobe. Il avait déjà eu l'occasion de s'illustrer en traitant les Harkis de sous-hommes et de s'indigner de voir les Noirs trop nombreux à son goût au sein de l'équipe de France. Voici une affaire qui risque d'avoir la vie dure parce qu'elle sent la récidive à plein nez. Georges Frêche, président du conseil régional du Languedoc-Roussillon et un des puissants barons socialistes de la région, vient d'envoyer une des ses réflexions les plus douteuses à l'adresse d'un autre responsable du Parti socialiste, Laurent Fabius : «Voter pour ce mec en Haute-Normandie me poserait un problème, il a une tronche pas catholique». Laurent Fabius est d'origine juive. Georges Frêche est coutumier du fait raciste et xénophobe. Il avait déjà eu l'occasion de s'illustrer en traitant les Harkis de sous-hommes, de s'indigner de voir les Noirs trop nombreux à son goût au sein de l'équipe de France, de traiter un pasteur de la Cimade, une association d'aide aux étrangers, de nazi. Ses dérapages répétés lui avaient valu une exclusion du Parti socialiste en mars 2007. L'impression que les socialistes arboraient à l'époque était que le parti de la rue de Solferino avait définitivement coupé ses liens avec un homme aux positions contestables comme Georges Frêche. C'était sans compter avec la Real politique électorale et la tentation de garder la région dans le giron de la gauche. Lors de la formations de listes pour les régionales, la direction du PS, magnanime, laissa un grand boulevard devant Georges Frêche, président sortant de la région, en ne lui opposant aucun concurrent socialiste susceptible de le battre. Cette politique équivalait à un retour en grâce de Georges Frêche. Sans aucun doute et devant une telle impuissance de la machine socialiste qui a presque remis les compteurs à zéro, Georges Frêche a dû sa parole libérée et sa démarche validée. Son attaque contre le physique de Laurent Fabius et pointant sournoisement ses origines ont eu l'effet d'une bombe. Les réactions, à gauche comme à droite, furent fulgurantes d'indignation. Signe que le tournant est grave, Martine Aubry, la première secrétaire du PS s'est fendue d'un communiqué qui en dit long sur l'embarras dans lequel elle est plongée : «La déclaration de Georges Frêche (…) concernant Laurent Fabius est indigne d'un élu de la République et constitue une insulte aux valeurs de la gauche». Il faut dire qu'une telle affaire complique davantage le jeu équilibriste et consensuel auquel tente de se livrer Martine Aubry pour se construire une écurie soudée. Elle est confrontée à deux choix : le premier, celui de noyer le poisson et de ne rien entreprendre contre Georges Frêche que la droite commence déjà à qualifier de «Le Pen de gauche», et elle court le risque de voir son autorité davantage remise en cause et ses alliés à gauche, les communistes et les Verts de la région, se détacher d'elle et de son impuissance. La seconde hypothèse est que Martine Aubry sévisse en sanctionnant Georges Frêche et en répondant favorablement aux nombreuses voix qui appellent à le faire battre lors du scrutin de mars prochain. Dans ce cas de figure, cette zizanie politique électorale de dernière minute risque de faire l'affaire de ses adversaires. Dans tous les cas de figure, Martine Aubry a une crise aiguë sur les bras qui s'appelle Georges Frêche.