Pour le ministère de l'Economie et des Finances, le paradigme du développement régional consiste à créer un équilibre territorial. Et ce pour que les citoyens bénéficient de conditions d'accès équivalentes aux services publics et avoir les mêmes chances de promotion sociale. Trois semaines après l'installation de la Commission consultative de la régionalisation (CCR), le ministère de l'Economie et des Finances rend sa copie sur le chantier de la régionalisation au Maroc. Dans une étude intitulée «Régions du Maroc : contributions sectorielles à la création de la richesse nationale», la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) relevant de ce ministère est revenue sur les forces et les faiblesses des seize régions du pays. Ainsi, la DEPF, dirigée par Mohamed Chafiki, pointe du doigt quatre déséquilibres. Il y a d'abord l'aggravation des déséquilibres entre les régions notamment au niveau du marché de l'emploi, l'amplification des phénomènes d'exclusion sociale, les dérapages de la croissance urbaine et leur impact négatif sur la compétitivité territoriale de la plupart des villes marocaines. Mais aussi les atteintes sérieuses portées à l'environnement, soit autant de facteurs qui rendent inopérante l'approche sectorielle et centralisée de la gestion du développement de notre pays. En second lieu, il y a l'absence d'un découpage régional qui réunit les conditions propices à la construction d'entités régionales pouvant constituer un cadre favorable à la mobilisation de la population et à l'émergence de la prise de conscience du potentiel régional. Le troisième point est relatif à la carence en matière d'organisation de l'institution régionale qui ne répond pas à toutes les fonctions, à savoir l'aménagement du territoire, la planification du développement économique et social, l'animation du développement, le marketing territorial et veille économique. Et enfin, il y a le déficit en matière des ressources humaines qualifiées et la faiblesse des ressources financières. «Le paradigme du développement régional consiste alors à créer un équilibre territorial pour que les citoyens bénéficient de conditions d'accès équivalentes aux services publics et avoir les mêmes chances de promotion sociale à travers l'amélioration et la valorisation de leur potentiel et leur capacité à contribuer à la création des richesses», relève-t-on dans cette étude. Très détaillée, l'étude de cette Direction du ministère de l'Economie et des Finances s'est penchée sur le niveau de richesse de chaque région durant la période 2000-2007. On apprend ainsi que ce sont quatre régions qui ont contribué à la création de la richesse nationale. Elles sont, sans surprise, le Grand Casablanca (18,8 %), Souss-Massa-Drâa (12,2 %), Rabat-Salé-Zemmour-Zaer (9,8 %) et Marrakech-Tensift-Al Haouz (8,2 %). «Cependant, cette concentration a tendance à s'atténuer le long de cette période avec des taux de croissance différenciés. Ainsi, le Grand Casablanca a réalisé un taux de croissance parmi les plus faibles (5,5 %). Cette forte concentration spatiale est doublée d'une concentration sectorielle plus accentuée. La moitié de la valeur ajoutée primaire nationale, par exemple, est concentrée au niveau des régions de Souss-Massa-Drâa (32 %) et du Gharb-Chrarda-Béni Hssen (18%)», explique-t-on dans cette étude. En ce qui concerne l'activité secondaire nationale, plus de la moitié de la création de richesses est concentrée dans trois régions du Royaume. Il s'agit du Grand Casablanca (36%), Tanger-Tétouan (9,5%) et Doukkala-Abda (8,9%). Par contre, cette concentration est moins intense pour le secteur tertiaire étant donné que les quatre premières régions contribuent à moins de la moitié de l'activité tertiaire nationale. Ces régions sont le Grand Casablanca (15,6%), Rabat-Salé-Zemmour-Zaer (13,8%), Souss-Massa-Drâa (10,1%) et Marrakech-Tensift-Al Haouz (9,9%). Cette distribution est liée aux potentialités et aux vocations des régions ainsi qu'à leurs structures démographiques et leurs passifs économiques, selon cette direction. À travers cette étude, la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) apporte sa pierre à l'édifice de la régionalisation au Maroc. Disparités interrégionales • Le PIB/hab du Grand Casablanca est en moyenne 3,6 fois plus important que celui de Taza-Al Hoceima-Taounate avec respectivement 25.918 et 7.257 dirhams durant 2000-2007. Cependant, par rapport au niveau national, seules les régions de Taza-Al Hoceima-Taounate et Meknès-Tafillet (11.464 dirhams) réalisent un PIB/hab inférieur à 75% du niveau national qui a atteint une moyenne de 16.562 dirhams durant la même période. • L'évolution du PIB/hab de la région du Grand Casablanca a été limitée à 4% durant 2000-2007 contre 6% au niveau national. Cette baisse reflète l'essoufflement de l'appareil productif de la région face à la pression démographique qu'elle subit ainsi que l'effort de rattrapage qu'effectuent les autres régions en matière de réduction des inégalités interrégionales. • Le PIB régional par habitant est corrélé avec le taux de pauvreté dans la mesure où plus une région est pauvre plus son PIB/hab est faible sauf pour les régions du Gharb - Chrarda - Béni Hssen, l'Oriental et Souss-Massa-Draâ où le taux de pauvreté est élevé malgré un niveau du PIB/hab important. Ceci pourrait être en partie imputé à la surreprésentation du secteur primaire dans ces régions.