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Nouvelle étude de la DEPF sur la régionalisation
Le paradigme du développement régional consiste à créer un équilibre territorial Quatre régions contribuent à la création de la richesse nationale
Publié dans L'opinion le 24 - 03 - 2010

Durant la période 2000-2007, quatre régions ont principalement contribué à la création de la richesse nationale, à savoir le Grand Casablanca (18,8%), Souss-Massa-Drâa (12,2%), Rabat-Salé-Zemmour-Zaer (9,8%) et Marrakech-Tensift-Al Haouz (8,2%). C'est ce qui souligne la DEPF (Direction des Etudes et des Prévisions Financières) dans son nouveau rapport intitulé : « Régions du Maroc : Contributions sectorielles à la création de la richesse nationale ».
Cependant, poursuit la même source, cette concentration a tendance à s'atténuer le long de cette période avec des taux de croissance différenciés. Ainsi, le Grand Casablanca a réalisé un taux de croissance parmi les plus faibles de 5,5%.
Cette forte concentration spatiale est doublée d'une concentration sectorielle plus accentuée. La moitié de la valeur ajoutée primaire nationale, par exemple, est concentrée au niveau des régions de Souss-Massa-Drâa (32%) et du Gharb-Chrarda- Béni Hssen (18%).
Au niveau de l'activité secondaire nationale, plus de la moitié de la création de richesses s'est concentrée dans trois régions du Royaume : Grand Casablanca (36%), Tanger-Tétouan (9,5%) et Doukala-Abda (8,9%). Par contre, cette concentration est moins intense pour le secteur tertiaire étant donné que les quatre premières régions contribuent à moins de la moitié de l'activité tertiaire nationale : Grand Casablanca (15,6%), Rabat-Salé-Zemmour-Zaer (13,8%), Souss-Massa Drâa (10,1%) et Marrakech-Tensift-Al Haouz (9,9%). Cette distribution est liée aux potentialités et aux vocations des régions ainsi qu'à leurs structures démographiques et leurs passifs économiques.
Ces disparités interrégionales relatives à leurs contributions au PIB national sont également ressenties au niveau du PIB par habitant, indique la DEPF. Ainsi, le PIB/habitant du Grand Casablanca est en moyenne 3,6 fois plus important que celui de Taza-Al Houceima-Taounate avec respectivement 25.918 et 7.257 dirhams durant 2000-2007. Cependant, par rapport au niveau national, seules les régions de Taza-Al Houceima-Taounate et Meknès-Tafilelt (11.464 dirhams) réalisent un PIB/habitant inférieur à 75% du niveau national qui a atteint une moyenne de 16.562 dirhams durant la même période.
Dans la même logique que pour le PIB, les disparités interrégionales du PIB/habitant ont tendance à s'atténuer en considérant les taux de croissance annuelle moyens différenciés. Ainsi, l'évolution du PIB/habitant de la région du Grand Casablanca a été limitée à 4% durant 2000-2007 contre 6% au niveau national. Cette baisse reflète l'essoufflement de l'appareil productif de la région face à la pression démographique qu'elle subit ainsi que l'effort de rattrapage qu'effectuent les autres régions en matière de réduction des inégalités interrégionales.
Enfin, il s'avère que le PIB régional par habitant est corrélé avec le taux de pauvreté dans la mesure où plus une région est pauvre plus son PIB/habitant est faible sauf pour les régions du Gharb - Chrarda - Béni Hssen, l'Oriental et Souss - Massa - Daraâ où le taux de pauvreté est élevé malgré un niveau du PIB/habitant important. Ceci pourrait être en partie imputé à la surreprésentation du secteur primaire dans ces régions.
Ce lien révélé entre le taux de pauvreté et le PIB/habitant témoigne de la pertinence de ce dernier dans l'évaluation de la richesse des populations locales et de son intérêt en tant qu'outil d'analyse de disparité interrégionale. Par conséquent, cet indicateur serait un candidat potentiel pour indexer un système de péréquation solidaire, à même de renforcer le processus de décentralisation et de la mise à niveau du tissu socioéconomique régional.
Par ailleurs, l'analyse a fait ressortir une spécialisation sectorielle relative des régions compte tenu du fait que la contribution des différents secteurs à la formation du PIB régional diffère d'une région à l'autre. Ainsi, les régions du Gharb - Chrarda - Béni Hssen, l'Oriental, Souss - Massa - Drâa et Tadla – Azilal enregistrent une surreprésentation du secteur primaire par rapport au niveau national alors que les régions du Grand Casablanca, de Doukala - Abda et de Chaouia - Ouardigha enregistrent une surreprésentation du secteur secondaire qui est une spécificité de ces régions.
Selon la DEPF, le débat sur la région a pris, vraisemblablement, de l'ampleur depuis 1976, suite à la révision de la charte communale régissant les collectivités locales.
Les constitutions de 1992 et 1996 ont donné à la décentralisation une nouvelle dimension territoriale, indique-t-on. Cette dimension a été renforcée par la promulgation de la nouvelle charte communale en octobre 2002 et son amendement en 2008, mais toujours avec une vision d'une régionalisation fondée in fine sur la décentralisation.
Cependant, toujours selon la DEPF, les Hautes Directives contenues dans le Discours Royale du 3 janvier 2010, ont marqué une nouvelle étape dans la dynamique des réformes institutionnelles à la faveur d'une vision plus avancée de la régionalisation. Ainsi « la régionalisation élargie escomptée n'est pas un simple aménagement technique ou administratif. Elle traduit, plutôt, une option résolue pour la rénovation et la modernisation des structures de l'Etat, et pour la consolidation du développement intégré ».
Cette nouvelle dynamique est le meilleur gage pour fonder de nouvelles expériences à l'épanouissement des progrès économique, social et culturel du pays pour inscrire, dans toutes les régions du pays, des acquis palpables à la mesure de leurs compétences, de leurs efforts et de leurs ambitions légitimes.
Aujourd'hui, dans un environnement international difficile et fortement perturbé, le modèle de croissance marocain nécessite, plus qu'avant, une gestion alternative prenant appui sur la Région en tant que cadre approprié au développement et sur la régionalisation en tant que mode adapté de gestion et d'action. Selon les analystes de la DEPF, le Maroc est confronté par un certain nombre de défis. Le premier a trait à l'aggravation des déséquilibres entre les régions notamment au niveau du marché de l'emploi, l'amplification des phénomènes d'exclusion sociale, les dérapages de la croissance urbaine et leur impact négatif sur la compétitivité territoriale de la plupart des villes marocaines, ainsi que les atteintes sérieuses portées à l'environnement, soit autant des facteurs qui rendent inopérante l'approche sectorielle et centralisée de la gestion du développement de notre pays.
Le second défi est l'absence d'un découpage régional qui réunit les conditions propices à la construction d'entités régionales pouvant constituer un cadre favorable à la mobilisation de la population et à l'émergence de la prise de conscience du potentiel régional.
Le troisième défi est relatif à la carence en matière d'organisation de l'institution régionale qui ne répond pas à toutes les fonctions (aménagement du territoire, planification du développement économique et social, animation du développement, marketing territorial, veille économique…).
Le Maroc est aussi confronté par le déficit en matière des ressources humaines qualifiées et la faiblesse des ressources financières.
Face à ces défis, toujours selon la DEPF, le paradigme du développement régional consiste alors à créer un équilibre territorial pour que les citoyens bénéficient de conditions d'accès équivalentes aux services publics et avoir les mêmes chances de promotion sociale à travers l'amélioration et la valorisation de leur potentiel et leur capacité à contribuer à la création des richesses...
« Considérée comme un domaine fécond pour le développement économique et social et un espace pour la réflexion et la planification, la région est à la quête d'une nouvelle vision de la gestion du développement dans ses desseins, sa gouvernance, ses instruments et son arsenal conceptuel et qui lui permettrait de s'abreuver au plus près des besoins réels des populations », relève-t-on de même source.


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