Nicolas Sarkozy n'animera pas de grands meetings électoraux. De son agenda, ont été annulées toutes les réunions qu'il tenait traditionnellement avec les militants UMP en marge de ses déplacements en France. On l'imaginait aisément battre le pavé électoral avec la fougue dont il est coutumier, haranguer des foules de militants qui ne demandent qu'à être transportés, revivre le frisson présidentiel et européen qui lui a porté chance et installé aux sommets. Les aficionados de Nicolas Sarkozy doivent patienter. En intronisant François Fillon comme chef de la majorité, il vient presque de les décevoir en prenant un grand recul. Étranger à son tempérament. Nouveau dans son code de conduite. L'hyper président avait habitué son monde non seulement à un verrouillage de toute l'action publique du gouvernement mais à être, de manière presque pathologique, au centre de tout, à capter la moindre étincelle de lumière avec une voracité qui a poussé certains à se gausser de cette «ego présidence ». La stratégie est d'autant plus surprenante que lui-même, le président de la République avait rêvé à haute voix de faire de ce scrutin régional une opération plébiscitant sa politique et validant ses choix. Et voilà que, sans tintamarres, il vient d'opter pour une discrétion absolue. Nicolas Sarkozy n'animera pas de grands meetings électoraux. De son agenda, ont été annulées toutes les réunions qu'il tenait traditionnellement avec les militants UMP en marge de ses déplacements en France. L'objectif de ces rencontres était clair: maintenir avec la base militante le fil du dialogue de communication qu'il faut absolument ressusciter à l'occasion des grandes épreuves électorales. Cette nouvelle stratégie de Nicolas Sarkozy suscite de nombreuses interrogations et provoque une multitude d'explications. En prenant de la hauteur et de la distance à l'égard d'un scrutin dont les enjeux par nature sont variables et loin d'être homogènes, le président a sans doute voulu, selon certains, se départir de cette accusation de chef de clan que l'opposition tente de lui accoler pour l'affaiblir et jeter du discrédit sur son action. Sans compter que des critiques de plus en plus acerbes et de plus en plus argumentées commençaient à voir le jour selon lesquelles le président, censé être celui de tous les Français, utilise de manière dévergondée les moyens de l'Etat pour faire campagne et faire gagner sa propre famille politique.Le second niveau d'analyse pour justifier un tel retrait est à trouver dans sa popularité plombée dans les sous-sols des sondages. Toutes les ficelles ont été essayées pour que la cote d'amour présidentielle décolle. Sans grand succès. La déception est telle que même les baromètres d'opinion qui lui prédisent une réélection assurée en 2012 justifient un tel constat davantage par l'état calamiteux d'une opposition incapable de se trouver un leadership que par l'adhésion des Français à la politique ou à la personne de Nicolas Sarkozy. Il paraît en tout cas clair que le président de la République a décidé de se protéger, voire s'immuniser contre les éventuels effets de ces régionales. Un possible échec serait celui du gouvernement conduit par François Fillon, des ministres incapables de gagner des batailles et de l'UMP, le parti fer de lance de la majorité. Les succès, par contre, sont faciles à revendiquer et trouveront toujours preneur.