Une belle sœur de Ben Laden vient de publier un livre. « Voile déchiré », fort d'anecdotes et de témoignages poignants, réserve une grande part au puissant clan saoudien. Déchirure entre deux vies. «Voile déchiré ». Un livre qui vient de paraître en France et en Suisse. L'auteur, inconnu dans le monde littéraire, porte le patronyme le plus célèbre du monde. Carmen Ben Laden est l'ancienne épouse de 'homme d'affaires suisse d'origine saoudienne Yeslam Ben Laden, l'un des vingt-quatre frères du chef d'Al-Qaida. Son roman intitulé «Voile déchiré » décrit les turpitudes d'une femme occidentale vivant sous une cour de pétrodollars. Un monde « féodal», qu'elle récuse aujourd'hui. La Roumaine dit, dans un interview accordée hier aux confrères de RFI, qu'elle a rencontré à plusieurs reprises Ben Laden, alors que celui-ci, héros respecté et adulé, revenait de la guerre d'Aghanistan. «Il détournait la tête à chaque fois qu'il me voyait, parce que je n'étais pas voilée ». Le compagnon du Mollah Omar traînait, selon sa belle sœur, la réputation d'un homme intransigeant sur la piété. « Tout le monde l'aimait, y compris mon mari ». Dès que sa venue est annoncée, toutes les femmes s'éclipsaient, allaient se voiler. Depuis 1974, date de son mariage avec Yeslam, elle refuse le voile. En 1976 quand le couple s'installe à Jeddah, madame Ben Laden découvre le luxe d'un mode de vie encore tout à l'ancienne. C'était la fin de la liberté pour l'ex-mademoiselle Dufour. Sortir sans voile est permis, mais avec une véritable garde. Pas de contact direct avec les ouvriers, le chauffeur. Pas de contacts avec le monde. Plus de cinéma, plus de restaurant. Mais l'entreprise des Ben Laden était puissante, progressait pour devenir le Saudi Ben Laden Group (SBG). La jeune occidentale affirme qu'elle a eu peur pour ses filles. En 1986, profitant de ses vacanes à Genève, elle a décidé de ne plus rentrer en Arabie Saoudite. Mais la Suisse c'est un peu le prolongement du territoire du clan Ben Laden. Yeslam Ben Laden, décrit comme intelligent par son ex-femme, y monte une société financière, la Saudi Investment Company (SICO) à deux pas de sa maison familiale. Mais dès 1987, Carmen Ben Laden se rebelle tout à fait alors qu'une troisième fille est venue élargir la maisonnée. En 1988, c'est la séparation. Mais la procédure de divorce n'interviendra pas avant 1994. Carmen a gardé le silence jusqu'au 11 septembre. Le nom de Ben Laden était devenu un fardeau. L'une des trois filles, Wafaa, diplômée en droit de l'université Columbia (New York), a payé au plus fort le 11 septembre. Des journaux américains n'ont pas hésité à s'interroger sur sa mystérieuse disparition, peu avant la date fatidique.