Dans son cinquième livre, Christine Deviers-Joncour lâche le pouvoir et l'argent pour le sexe. L'ancienne compagne de Roland Dumas, surnommée « La putain de la république», ne veut pas mourir. Christine Deviers-Joncour ne veut pas mourir. L'ancienne compagne de Roland Dumas ne se contente plus des « à peu près ». Son cinquième livre au titre suggestif, « Toi masculin, mon féminin » a été accueilli par la critique parisienne comme une ode à l'érotisme, une invite à l'abandon, en une période où le sexe fait peur. La république l'avait oubliée, après l'avoir portée au devant de la scène pour vite la laisser, n'ayant découvert, au prix de mille perquisitions, qu'une modeste pièce à conviction : une paire de bottines de luxe payée par carte de crédit à Roland Dumas. D'où le début d'une grosse affaire, qui sent le pétrole, le froissement des billets et, pour la maîtresse lâchée, la découverte de l'écriture. L'auteur explique son nouveau livre par une volonté de tourner la page, de rompre avec sept années d'auditions homériques et de blessures. «J'ai écrit ce livre pour ne pas mourir, pour oublier sept années de cauchemar », dit-elle. En fait, l'écriture n'est qu'une échappatoire, une manière d'oublier la vie de tous les jours. Une ultime tentative pour rester encore en vie dans les médias qui l'ont déjà enterrée. L'auteur de « La putain de la république » a connu une vie difficile ces derniers mois. Mise en cause dans l'affaire Elf, elle doit sa liberté actuelle à un pourvoi en cassation qui a suspendu sa condamnation à 18 mois de prison ferme et douze mois avec sursis. Pour exorciser ses maux, à l'érotisme d'un livre qui utilise le langage cru, s'ajoutera bientôt la sensualité d'un album attendu cet été. L'éditeur l'a déjà promu; avec cet album, on connaîtra la vraie Christine Deviers-Joncour. Peut-être différente de celle que la presse et d'une certaine manière les juges d'instruction accusaient d'avoir perçu des pots de vin de la société Elf en échange de prestations mal définies. Soupçonnée de tous les maux, d'avoir été hébergée dans un appartement de luxe, et d'avoir perçue des millions de francs sur des comptes en Suisse. Cela alors que Roland Dumas était ministre des Affaires étrangères et qu'il pilotait avec doigté une opération de vente de frégates militaires à Taiwan, avec l'intermédiation des membres d'Elf. Quand on affiche tout haut sa relation avec un homme à la fois avocat, ministre et président du Conseil constitutionnel, et, côté jardin, amateurs des femmes, tout roman devient à succès. Christine Deviers-Joncour, l'a compris. Elle n'a pas besoin d'être Balzac au féminin, ou de ramener en vie George Sand pour signer des best sellers. Son histoire vraie qu'elle veut enterrer, lui sert d'inspiration, elle qui s'est enrichie du jour au lendemain. Rompre avec un telle personnalité passait nécessairement par la publication d'un livre, et le déplacement du débat qui, s'il a échappé au pouvoir et à l'argent, s'est réfugié dans le sexe. Le livre divise les critiques. Mais pas sur le terrain littéraire où on ne lui pas encore trouvé un genre. La narration de l'histoire d'une fille en plein délire sexuel, obsédée par le grand amour de sa vie, fauchés par un accident d'avion, se passe en grande partie entre froissements de dentelles et senteurs sensuelles. Le sexe est omniprésent, obsède la héroïne, la détermine, elle qui ressemble étrangement à son auteur. Comme elle, l'homme qui incarne son amour est plus âgé que le Dumas de Christine, presque dans une autre génération. Comme elle surtout, l'héroïne a perdu un amour qu'elle croyait mort. Dans «France-Soir», Christine Deviers-Joncour avoue avoir considéré Roland Dumas comme mort. D'où certainement ces mots désespérés qu'elle place dans la bouche de son héroïne à la fin du roman : « Trop de cicatrices qui m'ont blessée. Trop de fêlures qui ne s'effaceront plus. Eloigne-toi. Adieu, ma folie. Dernier message... Cliqué, envoyé!... Sans regret. Comme une épitaphe ouverte. Nul doute, « Toi masculin, moi féminin», est le premier roman érotique de Christine Deviers-Joncour . Et rien n'indique que ce sera le dernier.