L'ancien patron des services secrets français, le général René Imbot estime que la mort de son fils pourrait être liée à la vente de frégates militaires à Taïwan. L'ancien patron des services secrets français de 1985 à 1987, le général René Imbot, a estimé devant un juge français que la mort de son fils Thierry, le 10 octobre 2000 à Paris, pouvait être liée aux informations qu'il détenait sur la vente de frégates militaires à Taïwan par Thomson en 1991, a-t-on appris mardi de source judiciaire. Comme le révèle le journal «Le Parisien», le général a déclaré, lors d'une audition le 10 juin dernier, devant le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, que son fils lui avait expliqué avant sa mort qu'il détenait de nombreuses informations sur l'enrichissement de plusieurs personnes en marge de ce contrat. Juste avant de mourir, il lui aurait par ailleurs expliqué qu'il avait rendez-vous avec un journaliste pour parler de cette affaire. En 1991, Thierry Imbot travaillait pour la dgse (Direction générale de la sécurité extérieure, les services secrets) à Taïwan, avec une couverture de conseiller commercial à la représentation française, a révélé le général au juge. Il est tombé de la fenêtre de son domicile parisien dans la nuit, d'une hauteur de quatre étages, alors qu'il était seul. La brigade criminelle a conclu à un accident survenu peut-être lors d'une réparation de volet et le parquet de Paris a classé l'affaire sans suite le 27 octobre 2000. Plusieurs personnes ayant joué un rôle ou détenant des informations sur le marché des frégates ont été assassinées dont l'ancien responsable de Thomson à Taïwan, mort d'un cancer au printemps dernier. Thomson avait vendu six frégates Lafayette pour un montant d'environ 16 milliards de francs (2,44 milliards d'euros) à Taïwan en 1991, malgré l'opposition de la Chine populaire, et après la levée de réticences initiales de certains dirigeants français. L'enquête du juge Van Ruymbeke, ouverte en juin 2001, porte sur les éventuelles commissions qui auraient été versées en marge de la signature de ce contrat pour des opérations de corruption et sur le "retour" possible de sommes d'argent en France. En marge de ce dossier, l'ex-ministre ps des Affaires étrangères Roland Dumas et son ex-maîtresse Christine deviers-joncour ont été condamnés à des peines de prison ferme et ils seront rejugés en appel du 4 au 25 novembre. Roland Dumas a parlé dans la presse de l'existence de commissions de plusieurs milliards de francs mais sans apporter de preuves. Au premier procès, il a déclaré que ce n'était pas lui mais le président François Mitterrand qui avait donné le feu vert pour la vente des frégates.