Nommément mis en cause dans une affaire de corruption, le Premier ministre israélien Ariel Sharon, a exclu jeudi de démissionner de son poste en dépit des menaces d'inculpation qui pèsent sur lui. Devant ses partisans réunis à Tel-Aviv, le Premier ministre israélien Ariel Sharon, mis en cause dans une affaire de corruption, a affirmé jeudi soir, avoir l'intention de remplir ses fonctions "au moins jusqu'en 2007», fin prévue de son mandat. Lors d'un discours retransmis par la radio israélienne, Sharon a déclaré qu'il était venu «ici en tant que Premier ministre et chef du Likoud, des fonctions que je compte remplir pour de nombreuses années encore, au moins jusqu'en 2007». «Toutes les rumeurs sur mon éventuelle démission ou sur une suspension volontaire de mes fonctions ne sont que des stupidités », a-t-il assuré. Selon un sondage rendu public jeudi, 49% des Israéliens estiment que M. Sharon doit démissionner ou prendre momentanément congé de ses fonctions, alors que 38% affirment qu'il doit rester en fonction et que 13% sont sans opinion. L'inculpation mercredi de l'homme d'affaires David Appel, soupçonné d'avoir offert un pot-de-vin au Premier ministre, a fait rebondir une affaire qui éclabousse M. Sharon depuis plus d'un an. Selon la presse israélienne, le procureur de l'Etat, Edna Arbel, estime qu'il existe assez de preuves pour justifier l'inculpation de M. Sharon pour corruption, mais une décision finale à ce sujet ne sera sans doute pas prise avant un nouvel interrogatoire de M. Sharon par la police. L'affaire a pour origine le financement de la campagne ayant permis à M. Sharon d'être élu en 1999 à la tête de son parti, le Likoud. Selon l'acte d'accusation, M. Appel a tenté en 1998 de corrompre M. Sharon, par l'entremise de son fils Gilad, alors que l'actuel Premier ministre était ministre des Affaires étrangères. La justice accuse M. Appel d'avoir tenté de s'acheter des appuis politiques pour promouvoir un gigantesque projet touristique dans une île grecque. M. Appel s'est servi de Gilad Sharon pour convaincre son père de l'aider, indique l'acte d'inculpation, ajoutant que M. Appel avait affirmé à M. Sharon que son fils pourrait "gagner beaucoup d'argent" avec ce projet immobilier, ce qui contredit les déclarations publiques du Premier ministre affirmant qu'il "ne savait rien" de cette affaire. Selon la presse israélienne, M. Sharon est soupçonné d'avoir, en tant que ministre des Affaires étrangères, mis M. Appel en contact avec des responsables grecs et d'être intervenu en sa faveur dans des transactions immobilières à Lod près de Tel-Aviv. En outre, le Premier ministre est impliqué dans une autre affaire liée au financement de sa campagne de 1999 pour la direction du Likoud. Il a ainsi été interrogé par la police fin octobre à propos d'un prêt de 1,5 million de dollars que lui a octroyé l'homme d'affaires sud-africain Cyril Kern. M. Sharon avait qualifié en 2003 les accusations de corruption de «calomnies méprisables». Du côté palestinien, Nabil Abou Roudeina, principal conseiller de Yasser Arafat, a mis en garde contre une possible «aventure militaire » de M. Sharon dans la région pour détourner l'attention de cette affaire.