La coïncidence entre les importantes décisions prises par le Premier Ministre Israélien et son interrogatoire à propos d'une affaire de corruption, fait jaser. Après un laps de trois mois, la police israélienne interroge une fois de plus Ariel Sharon sur le scandale de corruption immobilière. Quatre policiers, membres de l'unité des enquêtes internationales, se sont rendus à la résidence du Premier ministre israélien. En effet, Sharon a subi jeudi un deuxième interrogatoire qui a duré deux heures et demie alors que celui d'octobre avait duré 10 heures. Il s'agit probablement d'un dernier interrogatoire avant que le procureur, Menahem Mazuz actuellement conseiller juridique du gouvernement, ne se prononce sur l'éventuelle inculpation de Sharon. Selon le porte-parole de la police Gil Kleiman «Le Premier ministre a pleinement coopéré» et d'ajouter «C'était un interrogatoire de conclusion, destiné à combler les vides et boucler les précédents interrogatoires» précisant qu'aucun nouvel entretien n'était prévu. La loi israélienne affirme qu'une personne ne peut être condamnée pour avoir accepté un pot-de-vin que si l'intention criminelle est établie. Alors qu'une partie de l'opposition réclame sa démission, le chef de gouvernement persiste à démentir toute corruption et affirme qu'il irait jusqu'au terme de son mandat en 2007. L'interrogatoire sur cette affaire qui remonte à 1998, l'époque où Sharon dirigeait la diplomatie israélienne dans le gouvernement de Netanyahau, pousse l'opinion israélienne à s'interroger sur les liens entre l'affaire de corruption et les bombes politiques lancées successivement par Sharon. Lundi Sharon décide l'évacuation des colonies de Gaza, mardi, il lance la menace d'élections anticipées et mercredi, l'idée d'un référendum. En effet, le Premier ministre israélien pense à la possibilité de soumettre à un referendum son plan d'évacuation des colonies juive de la bande de Gaza. Il s'agit d'une option envisagée face à l'effervescence provoquée par M. Sharon. Ces prises de positions, hautement critiquées par l'opposition et même par le gouvernement israélien, «sentent la campagne médiatique orchestrée» écrit-on à Maarif, l'un des plus grands quotidiens populaires. La coïncidence entre «les gros titres en rafales» lâchés successivement ces derniers jours par Sharon et son interrogatoire par des policiers «n'est pas un hasard» selon le même journal. Le vice-ministre de l'Education Hendel, membre du parti d'extrême droite Union Nationale, a déclaré «l'ampleur du retrait est proportionnelle à l'avancement de l'enquête». Sharon est effectivement soupçonné de vouloir détourner l'attention de l'opinion. Cette accusation fut lancée peu après l'annonce d'un échange de prisonniers entre Israël et le mouvement chiiste libanais Hezbollah. Par ailleurs, Sharon a déjà été mis en cause à propos d'un prêt de 1,5 million USD qui lui a été octroyé par l'homme d'affaire sud-africain Cyril Kern et qui lui a permis de financer sa campagne électorale lors des élections de 1999 à la tête du Likoud. Le Parquet doit statuer prochainement sur l'éventuelle inculpation du Premier ministre dans cette affaire. Cette dernière concerne un homme d'affaires qui aurait versé plus de 2,6 millions de dollars pour que Sharon, alors ministre des Affaires étrangères et l'ancien maire de Jérusalem Ehud Olmert l'aident à réaliser une transaction sur une île grecque. En effet, David Appel, cherchant le soutien de responsables pour obtenir des autorisations, a versé 100.000 dollars de «salaires» à Gilad Sharon, le fils du Premier ministre ainsi que 590.000 dollars au profit du ranch de Sharon. L'affaire n'a pas abouti. Par ailleurs, Sharon a envoyé M. Olmert, à la place de son ministre des Affaires étrangères Sylvan Shalom qui fait partie du clan opposé à la décision du Premier ministre, aux Etats-Unis pour exposer les projets de Sharon avant sa rencontre prévue avec G. Bush.