Une poursuite judiciaire pour corruption et pots-de-vin plane sur la tête du premier ministre israélien. La décision est entre les mains du procureur d'Etat qui s'est dit implicitement favorable à l'inculpation. Ariel Sharon aurait touché des pots-de-vin par l'intermédiaire de son fils, Gilad. L'affaire qui provoque une petite tempête dans l'opinion publique israélienne n'est encore qu'à ses débuts. Les faits remontent en 1998 quand l'homme d'affaires israélien David Appel, a acheté l'appui politique du futur Premier ministre, alors chef de la diplomatie israélienne, ainsi que du vice-Premier ministre Ehud Olmert, pour un projet touristique sur une île grecque. En échange de cette transaction faite par l'intermédiaire du fils de Sharon, l'homme d'affaires aurait proposé une «aide logistique» au politique pour les élections primaires au sein du Likoud. La police a interrogé à plusieurs reprises le Premier ministre israélien. Des interrogatoires qui rappellent celles de 1999, dans une affaire de corruption liée là aussi au financement d'une campagne. Récemment, en octobre 2003, le Premier ministre israélien a aussi eu à répondre à d'autres questions, toujours face au même interlocuteur, concernant un prêt de 1,5 million de dollars octroyé par l'homme d'affaires sud-africain Cyril Kern. L'accusation doit être formulée par le conseiller juridique du gouvernement, Menahem Mazuz, sur ordre du procureur de l'Etat, Mme Edna Arbel. Ce dernier, qui s'est déjà prononcé pour l'inculpation du Premier ministre israélien, n'a pas encore précisé quand la recommandation sera formulée à M. Mazuz à qui revient la dernière décision. Toutefois, selon la presse israélienne, l'inculpation pourrait tomber aujourd'hui. Par la suite, Menahem Mazuz devrait statuer sur l'affaire durant le mois d'avril. L'homme d'affaires mis en cause dans cette dernière affaire, baptisée «Sharongate» a été lui inculpé depuis le 21 janvier, pour avoir versé plus de 2,6 millions de dollars dans le but de corrompre Sharon et le vice-Premier ministre Ehud Olmert, alors maire de Jerusalem Mais déjà, en préambule à une bataille judiciaire féroce, l'avocat de Sharon, Avigdor Klasberg, crie au scandale, accusant le bureau du procureur d'avoir orchestré des « fuites délibérées » dans le but de forcer la main à M. Mazuz. Le moins que l'on puisse dire c'est que cette cascade de scandales fragilise le Premier ministre israélien obligé, pour faire oublier ses déboires pré-judiciaires à l'opinion publique israélienne, de faire dans l'escalade de la violence. De l'avis des observateurs, l'annonce de l'annexion des secteurs où sont installées les plus importantes colonies en Cijordanie, objet des négociations entre Israél et l'administration Bush, était censée détourner l'opinion publique. Mais, les nombreuses réserves américaines, en particulier le refus de la Maison-Blanche de nier «le droit au retour » des réfugiés palestiniens a jeté un bémol dans le plan de Sharon. Pour le moment, le bureau du Premier ministre israélien refuse systématiquement de commenter la décision de Mme Arbel, tout comme le ministère de la Justice qui s'en tient à un devoir de réserve. De l'avis de Ophir Pines Pas, parlementaire travailliste, cité par l'agence Xinhua, «si l'inculpation est adoptée, Sharon doit démissionner ». Position identique pour le ministre des infrastructures nationales, Yossef Partzky, qui a déclaré sur les ondes de la radio publique que si effectivement Ariel Sharon est inculpé pour corruption, il devra démissionner et «ne pas se contenter d'une suspension de ses activités ». Le ministre qui appartient au parti centriste laic (Shinoui) souligne qu'en cas d'inculpation, Sharon «devrait se consacrer à sa défense devant les tribunaux durant des années et en conséquence ne pourrait assurer les fonctions de sa charge ». Même son de cloche à Gauche. «Il serait invraisemblable que M. Sharon puisse rester Premier ministre s'il était inculpé bien que formellement la loi le lui permet», a déclaré Yossi Beilin, dirigeant du parti Yahad (Gauche) et ancien député travailliste. D'après la chaîne de télévision israélienne, le nom d'Ariel Sharon apparaît aussi dans d'autres affaires de corruption : comme l'achat de voix en décembre 2002 dans le cadre d'une primaire destinée à choisir des candidats à la députation en vue des élections générales de 2003. L'affaire fut étouffée après que Ariel Sharon ait limogé un ministre, Naomi Blumenthal, coupable désigné. Plus grave encore, le Premier ministre israélien aurait aussi, selon le journal israélien Maariv, trempé dans une affaire de corruption autour d'un programme d'échange de prisonniers, concernant un homme d'affaires israélien, Elhanan Tannebaum libéré le 29 janvier 2004 par le Hezbollah en échange de 400 prisonniers arabes. Cet échange fortement « inégal », selon le journal israélien, serait motivé par les liens vieux de 30 ans environ, qu'entretien Sharon avec lz beau père de Tannenbaum. Ce dernier fait d'ailleurs l'objet d'une enquête pour malversations commerciales