Le Premier ministre israélien Ariel Sharon risque d'avoir de sérieux démêlés avec la justice après l'inculpation d'un homme d'affaires accusé de lui avoir proposé un pot-de-vin, ainsi qu'à l'un de ses fils, Gilad, à la fin des années 90. Sharon pourrait être déstabilisé par cette affaire et contraint à la démission «avant la fin de l'année», estiment des observateurs. Le Premier ministre israélien risque d'être éclaboussé par un gros scandale si les soupçons de corruption qui pèsent sur lui s'avéraient fondés. En effet, David Appel, un homme d'affaires israélien, est soupçonné d'avoir offert un pot-de-vin à Ariel Sharon, alors que celui-ci était encore chef de la diplomatie dans le gouvernement de droite de Benjamin Netanyahu et ce, par le biais de son fils Gilad Sharon. Si Sharon traite cette information par le mépris, ces responsables du Likoud, qui ont requis l'anonymat, ont estimé qu'il pourrait être déstabilisé par cette affaire et être contraint à la démission «avant la fin de l'année». Le Premier ministre est, en effet, impliqué dans une autre affaire. Fin octobre 2003, il a été interrogé par la police à propos d'un prêt de 1,5 million de dollars que lui a octroyé l'homme d'affaires sud-africain, Cyril Kern, qu'il qualifie d'«ami personnel». Ces fonds auraient été utilisés pour rembourser des contributions illégales ayant alimenté la campagne de M. Sharon lors des primaires du Likoud de 1999. Pour l'heure, l'acte d'accusation, présenté devant un tribunal de Tel-Aviv, ne dit pas si M. Sharon a accepté le pot-de-vin de David Appel. Celui-ci aurait également tenté de soudoyer Ehud Olmert, actuel numéro deux du gouvernement, et maire d'Al-Qods à l'époque. Dans les deux cas, la justice estime que M. Appel tentait de s'acheter des appuis politiques pour promouvoir un gigantesque ensemble touristique dans une île grecque pour lequel il avait besoin des autorisations nécessaires de la part des autorités hellènes. En tant que chef de la diplomatie, M. Sharon aurait pu lui faciliter la tâche. M. Appel s'est servi de Gilad Sharon pour convaincre son père de l'aider, indique l'acte d'inculpation, ajoutant que M. Appel avait affirmé à M. Sharon que son fils pourrait «gagner beaucoup d'argent» avec ce projet immobilier. Le scandale remonte à 1998, à l'époque où Sharon dirigeait la diplomatie israélienne dans le gouvernement de droite de Benjamin Netanyahu. Dans un premier temps, l'homme d'affaires a proposé trois millions de dollars qui devaient être versés à Gilad Sharon en échange de ses conseils, alors que le fils du Premier ministre n'avait aucune compétence particulière pour effectuer ce travail. Ces trois millions de dollars n'ont pas été versés. Mais M. Appel est revenu à la charge en versant à Gilad Sharon 100.000 dollars de «salaires» ainsi qu'une somme de 2,6 millions de shekels (590.000 dollars). Toujours selon l'acte d'inculpation, M. Appel a également promis une aide «logistique» à M. Sharon pour des élections primaires qui devaient permettre de désigner le chef du grand parti de la droite israélienne. Parallèlement, M. Appel a versé 50.000 shekels (11.300 dollars) pour la campagne menée par M. Olmert qui était lui aussi candidat à la direction du Likoud. M. Appel a également convaincu M. Olmert d'organiser un dîner avec le maire d'Athènes en vue de favoriser son projet dans l'île grecque. Ariel Sharon a été confirmé à son poste de Premier ministre au début de l'année 2002 à la suite d'une victoire éclatante du Likoud. Les prochaines élections doivent normalement se tenir en novembre 2007.