Pour Mohamedvall Alghadi, secrétaire général de l'Association mauritanienne «Mémoire et justice», il est nécessaire de constituer un tribunal international pour juger les atrocités commises par le Polisario à l'égard de ses victimes mauritaniennes. ALM : En tant que porte-parole des victimes mauritaniennes du Polisario, quelles sont les injustices que vous avez subies par ce front ? Mohamedvall Alghadi : Pour répondre à cette question, je me trouve obligé d'énumérer certains faits qui vont permettre aux gens de comprendre la teneur des horribles souffrances que nous avons vécues dans les camps. Nous étions un groupe de jeunes Mauritaniens, on a décidé de rejoindre le front Polisario pour différentes raisons. Après deux ans passés à Tindouf, on a eu la certitude que nous sommes venus au mauvais moment. Les différences ont commencé à apparaître dans les rangs du Polisario, et vu que le maintien de la direction du front dépendait de la cohésion de «la base» dans les camps, elle a été forcée de trouver d'autres problèmes pour détourner les regards sur ses divergences avec «la base». Alors, elle a monté une pièce de théâtre en inventant la «grande conspiration» selon laquelle les Mauritaniens du Polisario sont des espions et dont la tâche essentielle est d'aider les forces mauritaniennes à détruire le Polisario de l'intérieur. Nous étions des boucs émissaires, et on nous a mis en prison où on a souffert de tortures physiques et psychologiques que je ne peux pas vous décrire. J'ai passé plus de sept ans enchaîné dans une cave sans protection contre le froid et la chaleur, avec des tortures quotidiennes par le feu. Après ma libération, j'ai été surpris de ma séparation de ma femme qui a été forcée d'épouser un autre. Le Polisario utilisait des méthodes de tortures semblables à celles que l'on voit dans les films d'horreur. Que dites-vous de l'implication des services algériens dans vos tortures ? En ce qui concerne l'implication des services de sécurité algériens, il n'est pas facile pour un détenu de connaître ses bourreaux, vu que nous avons presque toujours les yeux bandés. Mais, il est bien clair que certains des tortionnaires ont la nationalité algérienne et pour nous, au sein de l'Association «Mémoire et justice», la responsabilité est collective et on n'exclut pas les services algériens. Et l'enquête internationale que nos réclamons déterminera la responsabilité de chacun. Qu'envisagez-vous pour faire écouter votre voix ? Bien que nous sommes encore au début du chemin, nous sommes optimistes quant à nos capacités de se faire entendre dans le monde, parce que nous avons une affaire juste à défendre. Et nous avons la volonté de faire valoir nos droits. Nous sommes maintenant en train de préparer une liste de victimes et de bourreaux, ainsi que certains documents et photos pour appuyer notre cause et on va les remettre aux instances locales et internationales. Nous lançons aussi un appel aux personnes honnêtes dans ce monde pour nous appuyer afin de concrétiser la justice, indemniser les victimes et punir les bourreaux. Quel message voulez-vous adresser à la communauté internationale ? Nous souhaitons dire à la communauté internationale qu'il est temps de mettre un terme aux agissements du Polisario. Les atrocités commises par ce front à notre égard ne peuvent pas passer inaperçues. Alors, nous appelons à la création d'un tribunal international pour enquêter sur les horreurs du Polisario afin de traduire ces bourreaux devant la justice qui dira son dernier mot.