A quelques semaines des élections communales, il n'est pas risqué de parier que la majorité de la population ignore tout de la charte communale dans sa version amendée. On va même être plus audacieux. Même au sein de la classe politique, beaucoup s'enlisent dans le labyrinthe de l'unité de la ville, de son Conseil, de ses arrondissements et des prérogatives des uns et des autres. A quelques semaines des élections communales, il n'est pas risqué de parier que la majorité de la population ignore tout de la charte communale dans sa version amendée. On va même être plus audacieux. Même au sein de la classe politique, beaucoup s'enlisent dans le labyrinthe de l'unité de la ville, de son Conseil, de ses arrondissements et des prérogatives des uns et des autres. Certains diront que le décret régissant cette loi est à la portée de tous depuis sa parution au bulletin officiel du 25 mars 2003. Mais ce cocktail qui allie le scrutin uninominal à celui de la liste et détermine le statut de la ville selon le nombre des habitants reste encore méconnu par des élus très connus. Même si cette ignorance paraît irréelle, elle demeure toutefois justifiée par la carence de communication sur ce sujet aussi bien par l'Etat que par les partis politiques qui sont les plus concernés. C'est dire combien on est loin du compte politique surtout lorsque l'on essaye de transposer le modèle français dans une démocratie locale aussi pourrie que la nôtre. Car il ne faut pas oublier que la charte de 1976 n'était pas plus mauvaise que les élus qui étaient censés l'appliquer. Bien au contraire. Avec l'exercice et le temps, ces derniers ont démontré par leur incompétence et leurs malversations financières qu'ils ne méritaient pas cette démocratie. Autrement dit c'est l'ignorance ou la mauvaise foi qui ont fait chavirer cette expérience et non pas les textes et la tutelle du ministère de l'Intérieur. Un élu voleur, ou corrompu par un bidonvillois, est par définition un mineur en politique qu'il faut constamment surveiller. Maintenant que la charte a été amendée pour répondre aux doléances des partis politiques, faudrait-il pour autant jubiler et croire au Père-Noël de la bonne gouvernance ? Certes, l'Etat a consenti beaucoup d'efforts en déléguant certaines de ses prérogatives budgétaires aux communes urbaines et aux conseils municipaux. Mais cette décentralisation a son revers de médaille puisqu'il permet au maire dans six grandes villes de détenir un pouvoir de décision important au détriment du président d'arrondissement. Ces derniers n'auront qu'à gérer les affaires courantes et à affronter leurs électeurs tout en restant tributaires des dotations financières de la mairie. Quand on connaît les manœuvres électoralistes et politiciennes de nos élus, il n'est pas exclu qu'un arrondissement ne soit lésé par la seule faute de sa couleur politique. Il est facile d'imaginer qu'un maire appartenant à un parti X, ne portant pas dans son cœur le président d'un arrondissement de couleur Y, lui créer des blocages de tout genres. Ce n'est qu'un exemple parmi tant de manœuvres qui risquent de s'opérer dans ce nouveau système. La mairie sera au centre d'une bataille ardue où les tractations politiques malsaines, les alliances contre-nature et l'achat de voix redoubleront d'intensité. Passées les élections, les élus et les partis politiques se cantonneront dans leur ville en oubliant leurs promesses données aux électeurs, les attentats du 16 mai, les bidonvilles et tout le reste.