Selon Ahmed Touhami, toutes les composantes de l'opposition au Maroc évoluent sous une même bannière, celle de la Constitution. ALM : Qu'est-ce qui fait la spécificité de l'opposition au Maroc ? Ahmed Touhami : Au Maroc, il existe deux catégories d'opposition. Une opposition avec une référence islamique et une opposition qui a une référence moderniste. La première utilise la religion pour la gestion de la chose publique. Elle est dans ce sens très conservatrice. Elle use d'un registre populiste dont le but est d'exciter la masse et atteindre ses objectifs stratégiques. C'est la morale qui règne dans son discours et non le raisonnement politique. Concernant la deuxième catégorie d'opposition au Maroc, celle-ci est une opposition moderniste, citoyenne et basée sur des valeurs universelles. Dans son discours et ses pratiques, cette opposition distingue entre ce qui est possible objectivement et ce qui est irrationnel. Je cite comme exemple le dossier du chômage. Selon nous, c'est un vrai problème aggravé par la crise et qui existe dans tous les pays. La solution de ce problème est liée à la croissance économique. Alors que le discours des autres pointe du doigt les dépenses de l'Etat. C'est un discours démagogique et sensationnaliste. On a vu cela avec l'expérience de USFP. Quand ce parti était dans l'opposition, il avait un discours populiste, mais une fois qu'il est entré dans le gouvernement, il a compris que les données objectives lui imposaient une approche plus réaliste et rationnelle. Quel est le point commun entre les différentes composantes de l'opposition au Maroc ? Ce qui est commun aux différentes composantes de l'opposition au Maroc est qu'elles évoluent toutes sous une même bannière, celle de la Constitution. Mais il est clair que l'on s'oppose à un gouvernement fragile. Et cela s'est très bien manifesté, dernièrement, lors du vote de la loi de Finances. Il est aussi remarquable que l'opposition au Maroc est massivement présente dans l'hémicycle contrairement à la majorité. Quel genre d'opposition propose le PAM dans ce contexte ? Une opposition qui participe à la démocratie par une critique constructive est ce dont a besoin le Maroc. Le PAM propose une nouvelle approche, une pratique politique nouvelle qui a pour but la normalisation de la vie politique. Notre politique se résume dans le fait d'écouter les besoins des citoyens et de lui faire retrouver la confiance en la politique à travers un discours clair et sans ambiguïté.