Mbarka Bouaida, présidente de la commission des affaires étrangères, de la défense nationale et des affaires islamiques, affirme que l'AMIP déplace le débat.Le rapport de la Mission d'information a traité du prix et non de la qualité des médicaments au Maroc, Selon elle. ALM : Quel commentaire faites-vous du communiqué de l'AMIP? Mbarka Bouaida : Le communiqué de l'AMIP déplace le débat. Les industriels tentent de contourner le débat sur le prix. A aucun moment, le rapport n' a traité de la qualité des médicaments qui est incontestable. En plus, notre rapport ne remet nullement en cause, il faut le reconnaître, les efforts déployés par les professionnels de l'industrie pharmaceutique dans le cadre du développement du secteur. Par contre, le rapport remet en cause le prix du médicament qui reste cher au Maroc par rapport au niveau de vie des citoyens marocains et par comparaison à d'autres pays qui ont un niveau de vie et de développement similaire au Maroc. L'AMIP remet en cause la comparaison établie avec le système tunisien. Qu'en pensez-vous ? L'AMIP estime que la comparaison avec le prix moyen tunisien n'a pas lieu d'être. Il faut dire que la comparaison s'est faite avec un pays qui prétend être du même niveau de vie que le Maroc. La comparaison se rapporte également à la proximité géographique et culturelle. Il y a plusieurs points communs entre les deux pays. La Tunisie a établi un système de compensation entre les produits pharmaceutiques et parapharmaceutiques qui est géré par l'Etat. Ainsi en Tunisie, le prix du médicament est encore moins cher qu'au Maroc. La Tunisie a établi un système alors qu'au Maroc rien n'a été fait. L'AMIP affirme que le prix de gros moyen du médicament est de 27 DH. Que répondez-vous à cela? Le prix moyen du médicament établi par l'AMIP se rapporte, paraît-il, à la moyenne des prix de l'ensemble des médicaments. Le rapport de la Mission d'information parlementaire a, pour sa part, établi un comparatif des prix moyens des médicaments les plus utilisés par les citoyens marocains. Il ne faut pas perdre de vue ce constat. A partir de cela, nous avons constaté que le prix du médicament au Maroc est élevé. Le problème au Maroc c'est qu'il y a une absence totale de politique du médicament. Il faut élaborer une politique qui prévoit des formules adéquates pour baisser le prix du médicament afin que le citoyen ait la possibilité d'y accéder. Le rapport de la Mission remis en question par l'AMIP a au moins eu le mérite d'ouvrir un débat sur ce point. Pensez-vous que l'industrie pharmaceutique au Maroc est responsable de la cherté du médicament? Certes, toute industrie, quelle qu'elle soit, est un commerce qui cherche le profit. L'industrie pharmaceutique au Maroc est une industrie très rentable et tant mieux. Mais encore faudra-t-il que le médicament soit réglementé et encadré par un cadre juridique clair afin de contrecarrer les abus éventuels. C'est l'heure de mettre fin à l'attitude passive. Il faut signaler, en outre, que le rapport a attaqué les multinationales et non pas les industriels marocains.