Après avoir chassé sa bonne qui a dérobé une somme de 400 dirhams à sa collègue, une employeuse a remarqué la disparition de sa bague de 450.000 dirhams. Chacun a le droit de rêver. Mais, les rêves ne sont pas tous réalisables. Malika en a fait les frais. Cette jeune fille de vingt-deux ans est née dans un douar d'Imintanout, situé sur l'axe Marrakech- Agadir, province de Chichaoua. Dès son enfance, elle rêvait d'être une fonctionnaire avant d'être une mère de famille, de sauver sa famille de la pauvreté et de les aider à mener une vie digne. Malheureusement, rien de cela n'a été réalisé. D'abord, ses parents n'avaient jamais pensé à l'inscrire dans une école. Malika n'en avait aucune idée sur les raisons. Parce que l'école était loin de chez elle ? Parce que ses parents n'ont pas d'argent pour lui acheter les fournitures scolaires ? Parce qu'ils la préparaient à une autre destinée ? Laquelle? Malika a eu la réponse à son dixième printemps. Sans aucun doute, elle n'oubliait jamais ce jour-là, il y a douze ans, quand un homme est venu chez son père pour «l'acheter » contre une petite somme d'argent. C'est la première fois qu'elle a monté dans une voiture et quitté son douar natal. Et c'est la première fois qu'elle a passé sa première nuit loin de ses parents. C'est à Marrakech qu'elle a atterri. La personne qui l'a prise de chez elle l'a conduite chez une famille de la ville ocre. Elle se réveillait la première et ne dormait que la dernière après tout le monde. Elle devait servir toute la famille qui habitait cet appartement sans pouvoir prononcer les mots «non, je suis fatiguée, attend que je termine...». Elle ne devait avoir à sa bouche qu'un seul mot : oui. Elle n'a ni jour de repos, ni une semaine de congé. Elle n'avait que du travail et rien d'autre que du travail, jour et nuit. Au fil du temps, elle n'a pas pu supporter son calvaire. Elle a tout abandonné pour retourner chez elle. Ses parents n'ont pas apprécié son geste. Et ils l'ont encouragée à retourner chez ses employeurs. Elle s'est abstenue. Quelques semaines plus tard, elle s'est retrouvée obligée d'aller chercher un emploi chez d'autres familles. Depuis, elle a travaillé chez plusieurs familles pour atterrir dernièrement chez une famille demeurant dans une villa située dans la région d'Amelkis, à Marrakech. Elle n'était pas la seule bonne qui y travaillait. D'autres bonnes y travaillaient dont la jeune Saïda. Celle-ci a remarqué, dernièrement, que ses quatre cents dirhams avaient disparu de son sac à main. Qui les a dérobés ? Malika ? Peut-être. Saïda s'est adressée à son employeuse, l'a avisée de la disparition de sa petite somme d'argent et a mis l'index sur Malika. L'employeuse a fouillé le sac à main de Malika et a trouvé le petit pactole de Saïda. «Tu n'as plus rien à faire chez moi», lui a lancé l'employeuse. Le lendemain, elle l'a conduite, à bord de sa voiture, vers la gare routière pour l'embarquer dans un autocar l'emmenant à son douar à Imintanout. Quelques jours plus tard, l'employeuse a remarqué la disparition d'une bague en or ornée par une précieuse perle qui vaut 450.000 dirhams et qu'elle avait achetée aux États-Unis. Elle dispose même du reçu. Aussitôt, elle a porté plainte auprès la police judiciaire de la ville ocre. Rapidement, les limiers se sont déplacés au douar et ont arrêté Malika. Elle a avoué avoir subtilisé la précieuse bague. Où est-elle ? Elle l'a vendue à 200 DH à un marchand d'objets en argent. Les policiers se sont rendus chez lui à Imintanout. Il a reconnu l'avoir achetée de chez elle contre 200 dirhams, qu'il a enlevé la perle et qu'il s'apprêtait à fondre la bague en or. Il leur a affirmé qu'il ne s'est pas rendu compte de sa valeur. La bague a été restituée à l'employeuse et la bonne et le receleur ont été traduits devant la chambre correctionnel près le tribunal de première instance de Marrakech.