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De Villepin présidentialise sa posture
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 28 - 10 - 2009

Dominique de Villepin ne dispose pas d'un parti politique. Son principal trésor de guerre se résume à quelques députés issus du terroir chiraquien.
Dans la réalité des faits politiques, Dominique de Villepin, prévenu notoire dans l'affaire Clearstream dans laquelle il est accusé par l'actuel président de la République d'avoir tenté de saboter sa carrière politique en glissant son nom dans les listings des détenteurs de comptes secrets en Suisse, était confronté à deux choix principaux. Le premier était d'observer une discrétion de moine en attendant le verdict du tribunal dans quelques mois et en espérant secrètement que les faux pas politiques et médiatiques commis par Nicolas Sarkozy puissent discréditer la partie civile, l'innocenter et lui éviter les douze mois de prison en sursis et les 45.000 euros d'amende requis contre lui par le procureur général. Le second choix était de lancer une grande offensive sur le plan politique, de se poser carrément en alternative possible à Sarkozy lors des prochaines présidentielles de 2012. Et c'est avec un mélange de panache et de culot que de Villepin a choisi cette seconde voie, le but assumé étant de donner une amplification politique maximale à ses mésaventures judiciaires. C'est ainsi que les interventions dans les médias se sont multipliées avec générosité et disponibilité. Le message martelé est celui qui consiste à présenter Dominique de Villepin comme un véritable homme politique capable de porter un projet et de mobiliser des équipes et non pas comme un possible repris de justice comme Nicolas Sarkozy tente de le décrire. Et dès la fin des audiences du procès Clearstream, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac s'est empressé de réunir les membres de son club politique à la Maison de l'Amérique Latine. Avec un mot d'ordre répété à l'envi pour la bonne compréhension du message, une vraie alternative à Nicolas Sarkozy : «Je fais partie de ceux qui se battent pour essayer d'offrir une alternative aux Français. Je crois que nous vivons dans une démocratie qui manque parfois de voix singulières ou de voix différentes». Avant même que cette hypothèse puisse prendre corps au sein de l'opinion, l'entourage de Nicolas Sarkozy s'est empressé de l'éteindre. Tandis que le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefébvre balaie d'un revers de la main : «Villepin n'est pas un sujet de réflexion», un autre député de la majorité Eric Ciotti tombe à bras raccourcis sur Dominique de Villepin : «C'est quelqu'un qui s'agite, qui fait du bruit mais il n'est une alternative à rien. Il n'a aucune crédibilité dans la majorité». Si jusqu'à présent les sites Internet comme «clubvillepin.fr» et «villepincom.net» on été les principaux cris de ralliement autour de la personnalité de Dominique de Villepin, leur lancement a été perçu au début plus comme un bras d'honneur qu'un acte de combat et de résistance à la machine Sarkozy qui ambitionnait de terrasser tous les obstacles sur son passage. Dominique de Villepin ne dispose pas d'un parti politique. Son principal trésor de guerre se résume à quelques députés issus du terroir chiraquien et qui avaient juré fidélité aveugle à Dominique de Villepin même s'ils devaient lui rendre visite avec un couffin d'oranges. Deux facteurs essentiels se sont conjugués ces dernières semaines pour rendre la posture de Dominique de Villepin intéressante à suivre dans le monde politique. Le premier est le déroulement du procès de l'affaire Clearstream. La soif de vengeance de Nicolas Sarkozy était tellement évidente et impatiente, qu'elle a fini par donner raison à tous ceux qui reprochaient à la justice son manque d'objectivité et d'impartialité. D'accusé de manigance politique et de parrain de coups tordus, Dominique de Villepin s'est transformé aux yeux de l'opinion en victime expiatoire d'une revanche présidentielle obsessionnelle. Le second facteur concerne les malheurs que vit Nicolas Sarkozy à mi-mandat. Les casseroles familiales, les faux pas du gouvernement, les ratages de la majorité, les couacs des ministres d'ouverture, ont fini par rompre le charme de Nicolas Sarkozy au point d'assombrir son propre horizon politique. Et formulant la thématique de l'alternance à Sarkozy, Dominique de Villepin surfe sur du velours. Les oreilles de la majorité, tassées par la déprime ambiante et la grogne interne, ont de fortes chances de se redresser pour humer l'air du temps, ne serait-ce que par curiosité. Ce qui s'apparente déjà à une victoire de Dominique de Villepin.

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