George W. Bush a dévoilé, mardi, dans son discours sur l'état de l'Union les grands thèmes de sa campagne pour décrocher un second mandat, mettant en exergue ses succès dans la lutte contre le terrorisme et se montrant sans regrets sur la guerre d'Irak. Avec le traditionnel discours sur l'état de l'Union, le chef de la Maison Blanche est manifestement entré en campagne, sur le thème de la reprise économique et la lutte contre le terrorisme. Des arguments aussitôt contrés par des démocrates, au diapason pour insister sur les difficultés des Américains et dénoncer un programme très à droite sous l'enrobage de bons sentiments. La proximité de l'élection présidentielle du 2 novembre a transformé, cette année, son intervention en véritable discours de campagne devant un Congrès contrôlé par son parti républicain. Et c'est donc un George W. Bush très applaudi, qui, trois ans après son entrée en fonctions, a fait part de sa volonté de prendre des mesures pour relancer l'économie, offrir aux Américains de meilleures chances de trouver du travail, améliorer l'éducation des enfants et réformer les systèmes d'assurance-maladie et de retraite, voire interdire le mariage entre homosexuels. Au sujet de la lutte contre le terrorisme, George W. Bush a mis en garde ses concitoyens contre les risques de nouveaux attentats. "Les terroristes continuent à comploter contre l'Amérique et le monde civilisé", a-t-il assuré. "Notre plus grande responsabilité est la défense des Américains. Vingt-huit mois ont passé depuis le 11 septembre 2001, plus de deux ans sans une attaque sur le sol américain, et il est tentant de penser que le danger est derrière nous. Cet espoir est compréhensible, rassurant et faux", a souligné M. Bush. Il s'est montré sans regret pour avoir lancé en mars 2003 une guerre contre l'Irak et Saddam Hussein, même si les armes de destruction massive n'ont toujours pas été trouvées. «Si nous n'avions pas agi, le programme de développement d'armes de destruction massive du dictateur continuerait encore aujourd'hui», a assuré M. Bush, qui a martelé que «l'Amérique ne demandera jamais la permission pour défendre la sécurité de ses citoyen». Référence, sans doute, à l'opposition internationale soulevée par l'invasion de l'Irak. Le chef de la Maison Blanche a affirmé que la guerre en Irak explique la décision en décembre de la Libye Tripoli de renoncer à développer des armes de destruction massive et à se soumettre à des inspections internationales. Il s'est à cet égard félicité de ce que «neuf mois de négociations intensives regroupant les Etats-Unis et la Grande-Bretagne aient réussi là où douze ans de diplomatie avec l'Irak ont échoué». Et de souligner qu'il privilégiait la voie diplomatique pour arriver au même résultat avec la Corée du Nord et l'Iran, et fait part de la volonté des Etats-Unis d'apporter la démocratie en Irak, en Afghanistan et dans l'ensemble du Moyen-Orient. «La tâche de construire un nouvel Irak est dure et juste», a-t-il dit, ajoutant que «pour tous ceux qui aiment la paix et la liberté, le monde sans le régime de Saddam Hussein est un endroit meilleur et plus sûr». Après le discours du président, les responsables de l'opposition démocrate ont réagi négativement en estimant que la politique étrangère de l'administration Bush avait isolé les Etats-Unis de ses alliés. Nancy Pelosi, chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, a affirmé que «le président nous a conduit en guerre en Irak sur la base d'affirmations sans preuve». Bush a développé une doctrine radicale de guerre préventive, «sans précédent dans notre histoire, a-t-elle poursuivi, ajoutant qu'il a échoué à construire une vraie coalition internationale.