Professeur de son état dans la force de l'âge, Lahbib Hawas ne sortira pas indemne d'une opération de vésicule biliaire. Les proches et les amis du défunt dénoncent une négligence médicale. Un attroupement inhabituel s'est formé mercredi 21 janvier en fin de matinée aux abords de la clinique Ghandi située sur le boulevard éponyme à Casablanca. Une foule compacte brandissait le portrait d'un jeune homme et une autre photo le montrant avec sa famille en criant des slogans à tue-tête. Les manifestants qui se sont donnés rendez –vous à cet endroit trois jours plus tôt sont venus dénoncer sous le regard vigilant des policiers en uniforme et en civil ce qu'ils qualifient d'erreur médicale dont a été victime un professeur de mathématiques du collège Hay Al Hanae à Casablanca. Lahbib Hawas n'était pas un citoyen anonyme. Ce fut un militant des droits de l'Homme. Membre de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme (OMDH), du Parti d'avant-garde démocratique et socialiste (PADS) et de la Confédération démocratique du travail (CDT). C'est ce qui explique la mobilisation intense autour de sa mort jugée controversée. Les communiqués publiés à ce sujet par les deux premières organisations qui se sont emparées du dossier sont catégoriques. On y lit en substance que Lahbib Hawas fut admis, vendredi 16 janvier, à la clinique Ghandi pour y subir une opération chirurgicale de vésicule biliaire. Une heure plus tard, vers 10 heures, le patient se réveille. Mais vers 15 heures, il sera terrassé par une crise de respiration qui poussera les responsables de la clinique à demander son hospitalisation d'urgence le jour même vers une autre clinique. Ce sera Anoual. M. Hawas ne se réveillera pas. Il succombera le lundi 19 janvier vers 15 heures selon le constat établi par les médecins de la deuxième clinique dont les promoteurs, précise le communiqué de l'OMDH, n'ont admis le patient qu'après présentation d'un chèque de garantie de 30.000 Dhs . C'est la version des faits racontée par les proches du défunt et relayée par ses collègues professeurs et camarades de l'OMDH et du PADS. Le défunt, natif de Tiflet, était âgé de 45 ans. Il a laissé derrière lui une famille éplorée constituée de son épouse également enseignante et de trois filles en bas âge. En habit de deuil immaculé, cette veuve, qui a la voix hachée par la douleur, était présente dans le sit in avec ses enfants qui pleuraient à chaudes larmes. Que s'est-il passé au juste ? Erreur médicale ou décès inévitable? Personne ne sait en l'absence d'une autopsie. Mais l'OMDH et le PADS, qui demandent l'ouverture d'une enquête judiciaire pour déterminer avec exactitude les circonstances et les raisons de la mort de leur camarade, pensent mordicus que M. Hawas a fait les frais d'une négligence de la part de l'équipe médicale qui l'a opéré : les chirurgiens Abdesslam El Madani et Mimoun Habi ainsi que les anesthésistes-réanimateurs Zouheïr Bargach et Moulay Ali Salafi. Les défenseurs du dossier Hawas en veulent pour preuve le fait que le professeur était bien portant et que l'opération qu'il a subie était somme toute banale. “ Ce qui s'est passé est grave, fulmine un militant du PADS dont le parti a saisi le ministre de la Justice et leurs collègues de la Santé et des droits de l'Homme. À ce que l'on sache, un patient accède à une clinique quand il s'agit d'une maladie bénigne pour être soigné et non pas pour y mourir“. Les dirigeants de la clinique Ghandi, eux, n'ont pas réagi à cette histoire. Silence total. Médecins et infirmiers se sont contentés de suivre discrètement à partir des vitres les protestations déterminées des amis de Lahbib Hawas.