Brahim a violenté à mort une fillette de trois ans, fruit d'une relation passée - et illégitime - entre sa concubine et un homme qu'elle avait connu avant lui. Une manière particulièrement odieuse d'enterrer le passé de son amante. Le taxi s'arrête devant l'hôpital Sidi Othmane, à Casablanca. Un jeune homme en descend, tenant entre ses bras une fillette de trois ans. À grands pas, il marche à destination du service de pédiatrie. Un médecin l'accueille, lui demande de déposer la fillette pour l'ausculter. Dans un état comateux, elle respire avec difficulté. Le médecin lui demande ce qui lui est arrivé. «C'est ma fille, docteur, elle a été fauchée par une voiture», répond Brahim, la trentaine. Le médecin examine la jeune enfant et constate que son état est très grave. Il se tourne vers Brahim et lui demande d'emmener sa fille vers l'hôpital des enfants Ibn Rochd. Il s'y rend à bord d'un taxi, portant toujours la fillette dans ses bras. “Que lui est-il arrivé ?“, lui demande le médecin. Brahim explique encore qu'elle a été victime d'un accident de la circulation. “Où est le chauffard qui l'a fauchée. Est-il connu de la police ?“, interroge le médecin. Brahim balbutie quelques mots incompréhensibles. Le médecin insiste. Perturbé, Brahim bredouille quelques excuses et finit par lâcher qu'elle a été torturée par des voisines. “Mais il fallait alerter la police !“, s'écrie le médecin, qui retourne à son bureau pour téléphoner. De retour à la salle d'examen, il s'aperçoit que Brahim n'est plus là. Il tourne sa tête à gauche et à droite. Le jeune homme s'est bel et bien volatilisé. Mais la fillette est toujours là. À ce moment, la police arrive. Le médecin leur montre l'enfant, dans le coma, et leur apprend que son père a disparu. Le médecin, qui ignore la raison de ce départ précipité, a conduit les limiers à la réception pour qu'ils consultent le registre des entrées. L'identité de Brahim, ainsi que son adresse sont enregistrées. La mission ne semble donc pas présenter de grosses difficultés pour les policiers, qui se dépêchent à l'adresse indiquée. Effectivement, ils y trouvent le jeune homme en compagnie d'une femme, sa maîtresse. Et la mère de la fillette? De plus, il ne s'agit pas de la fille de Brahim, mais celle d'un certain Salaheddine, l'amant de la mère. Salaheddine l'a abandonnée quand elle est tombée enceinte en l'an 2000 et elle a accouché la même année. La mère-célibataire est restée seule à veiller sur sa fillette en s'adonnant au commerce en détail au marché de légumes en gros. C'est là où elle a fait la connaissance de Brahim, qui y travaillait comme colporteur. Où était-il auparavant ? Il purgeait une peine d'emprisonnement de quatre ans ferme pour viol de mineure. Une fois relâché, en 2001, il avait élu domicile à Lahraouiyine et s'était rendu au marché de gros pour y gagner sa vie. Et, depuis qu'il a fait la connaissance de Fatima, il y a huit mois, il a loué une pièce pour qu'ils y vivent en concubinage. Au fil des jours, les sentiments de Brahim commencent à changer à l'égard de la fille de son amante. Il en arrive à la haïr. Pourquoi ? Son amante l'ignore. Elle remarque qu'il la maltraite violemment. Et sans raison apparente. Le jour J, l'amante se réveille vers 6h du matin, s'apprête à sortir à destination du marché, laissant sa fillette avec Brahim. Cette dernière se faufile pour suivre sa mère. Brahim la rejoint pour la ramener à la maison. Mais la fille sort une fois encore. Hors de lui, Brahim la remmène une fois encore pour la corriger à l'aide d'un bâton, lui asséner des coups de pied et de poing avant de la tenir en haut et la jeter par terre. “Je la déteste parce qu'elle me rappelle le passé de sa mère que j'aime et sa relation avec l'autre homme“, dit-il pour justifier son acte odieux. Avant de le conduire devant le Parquet général près la Cour d'appel de Casablanca, Brahim et son amante apprennent que la fillette a succombé à ses blessures.