Le président du CCME, Driss El Yazami, explique l'importance de ce sondage et met en exergue ses résultats. Pourquoi un sondage ? Les sondages d'opinion sont une modalité de connaissance des perceptions et des sentiments des populations sur leur vécu socioculturel, leurs attentes, leur réaction par rapport à une politique publique, un événement quelconque. Aux côtés d'autres études menées par les sciences sociales qui s'appuient sur l'observation directe des comportements effectifs, les sondages contribuent à la connaissance scientifique même s'ils ne font que refléter la subjectivité des sondés. La pratique du sondage doit faire partie d'une stratégie globale de mise sur pied d'un agenda national de la recherche sur l'immigration. C'est la première fois qu'une institution publique marocaine mène une enquête de cette ampleur, sur un tel échantillon et les résultats, à interpréter avec la prudence scientifique de rigueur, sont néanmoins révélateurs. Comment résumeriez-vous ces résultats ? On voit bien que nous avons affaire à une évolution des communautés marocaines qui n'est paradoxale qu'à première vue. Un enracinement réel dans les pays d'immigration et le maintien, y compris à la seconde génération, d'un lien fort au Maroc. Ce sentiment d'appartenance est renforcé par les dynamiques que connaît le pays en matière de droits et dans le domaine économique, évolutions qui sont appréciées majoritairement de manière favorable, même si les sondés expriment des demandes d'amélioration. Il y a enfin deux autres conclusions centrales : Pour Maroc, la primauté des demandes en matière d'offre culturelle de la part de notre échantillon et concernant le pays de résidence, le sentiment de discriminations fortes, notamment dans le domaine de l'emploi et du logement. Quelles suites allez-vous donner à cette enquête ? Un sondage donne une photographie de la perception d'une population à un moment donné. Il faut donc multiplier ce genre d'exercice, l'étendre à des communautés marocaines dans d'autres pays, diversifier les questions, etc. Ces résultats permettent aussi de vérifier des hypothèses sur lesquelles nous travaillions depuis longtemps pour élaborer les avis consultatifs que notre conseil doit soumettre à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, comme à titre d'exemple, la centralité de la problématique culturelle. Il nous faut enfin avancer de manière déterminée dans l'élaboration de cet agenda national de la recherche sur l'immigration. Ce sondage nous ouvre de nombreuses pistes.