Carlos Ghosn a rappelé le maintien de l'usine de Renault à Tanger, réaffirmant le caractère stratégique de ce projet pour son groupe. ALM révèle les principales étapes de cette visite qui n'aura eu, finalement, pour objet que de tranquilliser les esprits. Carlos Ghosn. Tout le monde ne parlait que de lui en cette fin d'après-midi du lundi (15 juin), jour où il a tenu un point de presse à Rabat, avant d'être reçu par SM le Roi Mohammed VI. Or, le patron de Renault (et de Nissan) se trouvait sur le territoire national depuis samedi dernier et plus précisément à Tanger. Son jet privé y avait atterri la veille d'une journée qui n'allait pas être de tout repos pour lui. Car, dès les premières heures –très ensoleillées– du dimanche dernier, M. Ghosn s'est rendu sur les lieux où prendra forme, dans un peu plus d'un an, la future usine de Renault. Reçu, entre autres, par le président de TMSA, Saïd El Hadi, il a pu constater l'état d'avancement dudit chantier. Des travaux qui évoluent comme prévu, à l'image des opérations de terrassement, lancées à l'automne 2008 et achevées aux deux tiers. Après quoi, le grand patron du losange allait s'envoler vers la capitale. Tôt dans la matinée du lundi, c'est plus d'une cinquantaine de cadres, spécialement recrutés pour l'usine et le projet «Renault Tanger-Méditerranée» qui sont venus à sa rencontre. L'étape suivante allait être le point de presse, accordé en début d'après-midi, aux côtés du ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies, Ahmed Réda Chami. L'occasion pour M. Ghosn de lever toute ambiguïté sur ce projet herculéen («Hercule» est d'ailleurs son nom de code chez Renault) et réaffirmer la volonté de son groupe par rapport à la réalisation de cette usine. «Le projet sera prêt à temps (...) mais la montée en puissance de son rythme de production se fera un peu moins vite que prévu», a-t-il indiqué, rappelant ce qui avait été annoncé le premier septembre 2007, lors de la signature du protocole d'intention entre le groupe Renault et le gouvernement marocain. En gros, l'usine de Renault à Tanger verra débuter sa construction, à proprement parler, dès septembre prochain pour être finalisée vers la fin 2011. Elle sera destinée à la production de deux nouveaux modèles de Renault, dont les premiers exemplaires sortiront des chaînes de montage dès le début 2012. Dès sa mise en service, le site démarrera avec une cadence de 30 unités par heure et une capacité initiale d'au moins 170.000 véhicules par an. Un volume qui sera plus que doublé deux ans plus tard. «Je n'ai aucun doute que cette usine aura, à terme, une capacité de production de 400.000 véhicules par an. Je n'ai aucun doute sur le fait qu'à un moment d'étape, Nissan viendra se joindre à Renault dans le cadre de ce projet. Le projet de Tanger n'a pas été remis en cause, il a simplement été remodulé pour tenir compte de l'évolution des marchés, telle que nous la voyons. Et cette remodulation ne remet absolument pas en cause, ni la capacité d'équipe, ni le démarrage du projet, ni le fait que cette usine, bien qu'elle démarrera comme une usine Renault sera à terme une usine de l'Alliance», a déclaré en substance Carlos Ghosn. Cela ne suffira pas à quelques uns des journalistes présents qui l'interpelleront sur le retrait de Nissan et même sur des hypothèses tout aussi loufoques que la rumeur selon laquelle, Renault compte ramener des travailleurs roumains pour remplir ses usines au Maroc. Il n'y rien de tout cela assurera-t-il, insistant également et une fois de plus sur le fait que Nissan se retire temporairement, mais reviendra assurément à Tanger dès que sa situation le lui permettra. «Même le terrassement de la partie de Nissan sur le chantier de l'usine (à Tanger) a bien été fait», dira-t-il. De son côté, M. Chami a réaffirmé «l'importance stratégique de ce projet pour l'économie marocaine», tout en soulignant qu'il s'accompagnera par la mise en place d'instituts spécialisés dans les métiers de l'automobile pour la formation d'un personnel qualifié. En conclusion et de l'avis des plus avertis sur la question automobile, Carlos Ghosn ne s'est déplacé au Maroc que pour tranquilliser l'opinion publique sur le maintien dudit projet et faire ainsi taire toutes sortes de rumeurs et notamment celle d'une éventuelle annulation.