Reportage. Derb Moulay Chrif à Casablanca. Un quartier populaire et populeux où sévit la malpropreté et l'insécurité. Dès l'entrée au vieux quartier, Derb Moulay Chrif, tout au long de l'avenue Ali Yata, de part et d'autre du boulevard, des monticules de détritus d'origines diverses, sont entassés. Et les marchands ambulants, qui installent leurs étals sur les trottoirs avoisinants, laissent derrière eux le soir des déchets et légumes invendus. Les bouffées empestées, qui se dégagent de ces endroits, assaillent journellement les pauvres âmes qui habitent le voisinage. Dans les différentes artères et ruelles du quartier, son ancienne architecture aidant, les sachets en plastique, pleins d'ordures dégageant des odeurs qui agressent l'odorat, sont jetés à côté des murs. Les habitants se trouvent dans l'obligation de ne plus ouvrir leurs fenêtres. Quant à la pollution provoquée par cet état de choses, ses répercussions négatives sur la santé des habitants ne sont plus à démontrer. À vrai dire, la situation interpelle à plus d'un titre. «J'ai du mal à comprendre pourquoi les responsables de la commune procèdent de la sorte ! Chaque fois nous réclamons, mais malheureusement la pratique de la sourde oreille reste toujours de mise. Les rues, comme vous voyez, sont sales. La tournée du ramassage des ordures ne se fait qu'une seule fois par jour et des fois, le passage reste loin de sa mission de propreté !», déplore Mohamed A. 46 ans, fonctionnaire, résidant à rue 25 du quartier en question, depuis 25 ans. Les habitants des différentes rues du quartier se demandent pourquoi la conception de la propreté en est ainsi ? Un vain vocabulaire. Les points noirs abondent partout. Et une absence pratiquement énigmatique des élus, qui ne se présentent que pendant les campagnes électorales ou à des occasions qui peuvent être investies dans ce sens. S'ajoute à cela, le manque de sécurité dans le secteur, notamment pendant la nuit. En effet, à la nuit tombée, racontent les habitants, de petits groupes se forment aux pieds des murs dans les différentes rues du quartier. Ils se droguent et sniffent de la colle. Quelques heures plus tard, ils deviennent violents et agressifs. Et, vu l'architecture du quartier, les fourgonnettes de la police ne peuvent pas y accéder. Lahcen O. 38 ans, salarié, résidant à rue 23, ne cache pas sa colère à propos de la situation. «La meilleure solution est de déménager ailleurs, mais on n'a pas les moyens. La santé de nos enfants est menacée. Pendant la nuit s'ajoute le problème de la sécurité. On ne peut pas sortir librement après 22 heures. Quant à nos visiteurs qui ignorent le problème, combien de fois, ils ont été agressés !», a-t-il dit. La situation se dégrade jour après jour. Et les responsables de la commune demeurent aux abonnés absents. La propreté doit être au centre de leur préoccupation. Mais lorsque la démocratie et la transparence font défaut, la tâche s'avère vraiment difficile !