La lutte antiterroriste n'est pas une affaire individuelle. Elle est basée sur la solidarité et la coopération. Les huit membres de la cellule terroriste dont le démantèlement avait été annoncé le 12 mai dernier, ont été déférés, hier mercredi, devant le procureur du Roi près la Cour d'appel de Rabat spécialisée dans les affaires de terrorisme. Arrêtés par les services de sécurité, il y a quelques semaines, les membres de cette cellule projetaient, selon les premiers éléments de l'enquête menée par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), de perpétrer des attentats dans différentes villes du Royaume. Les mis en cause sont accusés de «constitution de bande criminelle en vue de préparer et commettre des actes terroristes en liaison avec un projet collectif visant à porter gravement atteinte à l'ordre public par la terreur, l'intimidation et la violence». Une source policière indique que la cellule, qui était à un stade embryonnaire, était répartie sur plusieurs villes et ses membres s'activaient à recruter d'autres membres afin de développer des ramifications sur l'ensemble du territoire national. La dénomination que les mis en cause ont choisie à leur cellule atteste de la dimension qu'ils voulaient lui donner et de leur intention de s'ériger en organisation terroriste. Selon l'enquête policière, ils se sont baptisés «Jamaat Al Mourabitine Al Jodod». Une dénomination très significative, selon une source informée. La remise du dossier à Me Abdelkader Chentouf, le juge d'instruction chargé des affaires de terrorisme près l'annexe de la Cour d'appel à Salé signifie que l'affaire revêt une grande importance. Spécialisé dans les affaires des nébuleuses terroristes, Me Chentouf devra en décoder les différents aspects organisationnels et idéologiques. Cette affaire coïncide avec le démantèlement, en Espagne, d'une bande de trafiquants de drogue composée de ressortissants marocains et algériens et qui entretenait des relations avec l'organisation terroriste d'Al Qaïda au pays du Maghreb islamique. Les services de sécurité espagnols ont indiqué que, selon les premiers éléments de l'enquête, cette bande criminelle serait une source de financement du terrorisme islamiste. Ces deux affaires révèlent que la lutte antiterroriste est une bataille continue et qui doit être menée dans le cadre de la solidarité entre les différentes composantes de la société au sein d'un pays et de la coopération entre les Etats. Il ne s'agit pas d'une guerre individuelle. C'est une affaire de communauté.