Croyant que son mari la trompe, elle a refusé de le rejoindre à la chambre à coucher. Sous l'effet de l'alcool, il l'a maltraitée jusqu'à lui fracturer le bras. Elle réclame à présent le divorce. Nous sommes au Tribunal de première instance de Casablanca. La salle d'audience à la Chambre correctionnelle est archicomble. Saïd se tenait au box des accusés. Selon ses amis et voisins qui assistaient à l'audience, Saïd, 31 ans, semblait être un homme sans problèmes. Pour sa femme, âgée de vingt-quatre ans, il n'était qu'un ivrogne qui la maltraitait et la trompait avec plusieurs filles. Appelée par le juge, elle s'est présentée avec son bras gauche plâtré. «Je veux qu'il me répudie, M. le juge», a-t-elle réclamé sans être interrogée par le juge. Ce dernier l'a ordonnée de se taire jusqu'au moment où il lui permettrait de parler. Et il s'est adressé à l'époux, Saïd. Ce dernier a répondu: «Tout le monde doit savoir que je ne suis pas agressif. Mais, elle m'énerve de temps en temps. La dernière fois, je lui ai demandé de ne plus aller chez ses amies». Selon Saïd, sa femme, sans profession, rendait quotidiennement visite à ses amies. Selon ses déclarations devant le tribunal, les amis de sa femme lui racontaient des histoires qui risquaient de mettre en péril son foyer conjugal. «À chaque fois, l'une d'elles lui affirmait qu'elle m'a croisé en compagnie d'une fille», a-t-il précisé. Prenant la parole, l'épouse a expliqué au tribunal que Saïd la trompait. «Il ment, M. le juge. Parce que personne ne m'a rien dit, mais je l'ai croisé dans la rue en compagnie d'une fille», a-t-elle expliqué avec les larmes aux yeux. Elle a également précisé que Saïd s'enivrait. Saïd a nié ce vice en bloc. «Je n'ai jamais dégusté la moindre goutte de vin, M. le juge», a-t-il répondu à une question du magistrat. «Il ment, M. le juge. Il s'enivre chez lui et non pas au bar ni dans la rue», a-t-elle répété sur un ton d'exclamation. La dernière fois, a-t-elle précisé, Saïd est rentré chez lui, a commencé à s'enivrer et lui a demandé de le rejoindre à la chambre. « J'ai refusé. Je lui avais dit que je ne supportais plus qu'il me trompe. Il m'a frappée au point que mon bras a été fracturé », a-t-elle déclaré en sanglotant.Saïd a avoué l'avoir frappée. «Mais son bras n'est pas fracturé, M. le juge. Elle avait l'intention de me mettre à la prison pour avoir sa répudiation», a-t-il expliqué au tribunal. Le juge lui a expliqué que sa femme n'avait pas besoin de le mettre à la prison pour être répudiée. Ce dernier a demandé à l'épouse de patienter pour garder son foyer. Mais, elle lui a répondu : «Je ne peux pas supporter qu'il me trompe, M. le juge». Jugé coupable pour coups et blessures, le tribunal l'a condamné à trois mois de prison ferme.