Al Mahdi est-il sadique ? En tout cas, il torturait ses femmes sans répit. Si la première a demandé le divorce, la seconde a été maltraitée jusqu'à la mort. La Chambre criminelle près la Cour d'appel d'Al Hoceïma. La salle d'audience est archicomble. Devant les juges, se tient un père de trois enfants, la quarantaine, et qui semble perturbé. Ses parents ne peuvent plus retenir leurs larmes. Ils ne pensaient jamais voir leur enfant, Al Mahdi, dans cette situation. Ils savent qu'il était cruel, méchant, bagarreur et qu'il ne craignait personne. Ses frères, ses sœurs et ses amis s'interrogent comment le karaté, le sport qu'il pratiquait, n'avait pas eu un effet positif sur ses comportements et son éducation. Au contraire, il l'a rendu plus cruel. C'est étrange, mais c'est la réalité que relatent ses proches. «Oui, c'est moi qui l'ai torturée…», répond-il au président de la Cour qui lui demande de poursuivre ses déclarations. «Quand je me suis soûlé en buvant du vin rouge et après avoir avalé cinq comprimés psychotropes, je ne me souviens presque de rien…Je me rappelle que le lendemain, je l'ai trouvée corps sans âme, avec des fractures au niveau de ses bras, des traces de brûlures au niveau de sa partie intime…C'est horrible ce que j'ai constaté le lendemain…». «Tu pratiques le karaté et tu t'enivres et tu consommes du haschisch et des comprimés psychotropes ?», lui demande le juge. Al Mahdi ne dit rien, il se contente de baisser la tête. Des larmes commencent à couler de ses yeux lorsqu'il se souvient de sa femme. C'est elle qu'il a tuée sans clémence. Comment et pourquoi ? «Je ne sais pas pourquoi», répond-il à la cour. Quand il a répudié sa première femme, mère de ses deux premiers enfants qui n'a pu supporter sa cruauté, il s'est marié avec Fayza. Malheureusement, il n'a pas renoncé à sa méchanceté, surtout lorsqu'il s'enivre. Il ne passait pas une semaine sans la violenter. Bien qu'elle ait accouché de son premier enfant (le troisième pour Al Mahdi), il continue de la maltraiter avec des bâtons, des câbles en plastique, des morceaux de fer enflammés. La nuit du crime, il a perdu conscience sous l'effet de l'alcool et de la drogue. Il a verrouillé la porte de sa maison, il a avancé vers elle et lui a asséné des coups de bâton. Elle crie, hurle. Personne n'est venu à son secours. Elle était seule avec lui en compagnie de son enfant de trois ans. Il ne tenait pas compte des cris de ce dernier qui pleure près de sa mère. Il était hors de lui. Une heure plus tard, elle s'effondre, morte. Son enfant pleurait encore quand Al Mahdi est sorti pour commencer à creuser le seuil de sa maison. Il avait l'intention d'y enterrer le corps de sa femme. Le lendemain quand il ouvre les yeux, il se retrouve devant un crime horrible. Son enfant est toujours à côté du cadavre. Il ne savait quoi faire. Trois jours sont passés. Il fait appel à la famille de la défunte pour l'enterrer. Lorsqu'elle veut faire les derniers adieux à la défunte, Al Mahdi les empêche. Ce qui leur a mis la puce à l'oreille. La famille a alerté les pouvoirs locaux de Targuiste, dans la province d'Al Hoceïma, qui ont avisé la gendarmerie Royale. Et c'est la découverte du cadavre en début de décomposition. Quand la Cour rentre à la salle d'audience après les délibérations, Al Mahdi semble perturbé, il attendait le jugement : «La cour te juge coupable pour homicide volontaire et te condamne à la réclusion perpétuelle».