Abdelaziz Nouidi, président de l'association Adala, initiateur du projet de mémorandum pour la réforme de la justice, explique les grandes lignes de ce projet. ALM : Quelles sont les réformes revendiquées par votre association ? Abdelaziz Nouidi : Notre projet comporte outre un diagnostic de la situation du secteur de la justice, des recommandations visant la réforme de ce secteur. La partie réforme se compose de plusieurs chapitres. Le premier chapitre concerne des recommandations pour la réforme de la Constitution et ce pour mieux garantir les droits et l'indépendance des magistrats. Le deuxième chapitre vise la réforme de la législation relative au statut des magistrats. En fait, nous demandons que le Conseil supérieur de la magistrature ait un véritable pouvoir de décision. Actuellement, ses prérogatives se limitent à des prérogatives consultatives. On veut aussi que ce Conseil soit indépendant à l'égard du ministère de la Justice. Je vous rappelle que ce Conseil n'a même pas de local. Les mesures disciplinaires sont prises par le ministère de la Justice et se tiennent dans les locaux du ministère. Il y a aussi un chapitre concernant la réforme des tribunaux. Nous avons également des propositions concernant la lutte contre la corruption et des propositions concernant la situation des prisons. Quel est le rôle que peut jouer le milieu associatif dans le cadre de la réforme de la justice ? Il faut savoir que le milieu associatif est composé de praticiens, à savoir des avocats ou les professeurs universitaires. Ces praticiens peuvent apporter une grande contribution. Je vous rappelle que SM le Roi avait demandé, dans au moins trois discours royaux, aux responsables gouvernementaux de préparer un projet global, intégré et concerté sur la réforme de la justice. La concertation concerne bien évidemment tous les intéressés dont le milieu associatif. Aucun projet de réforme ne pourra aboutir s'il exclut les composantes du milieu associatif. L'association Adala est l'initiateur du projet de mémorandum pour la réforme de la justice. Qu'est-ce qui a motivé votre initiative ? Tout d'abord j'aimerai dire que notre association comme son nom l'indique est spécialisée dans les questions concernant la justice. Nous essayons d'apporter notre propre contribution avec les autres associations qui sont généralistes à l'exception de l'association des barreaux et l'association marocaine pour la défense de l'indépendance de la justice qui sont elles aussi spécialisées dans les questions relatives à la justice. Notre initiative se veut collective et participative. Certes, nous avons pris l'initiative d'élaborer le projet, mais notre initiative est devenue par la suite, surtout après concertation, une initiative collective et participative. Cela fait trois ans que nous travaillons sur ce projet et ce n'est que durant l'année dernière que nous l'avons soumis à nos partenaires pour en faire un projet collectif. Quels sont les obstacles qui pourront entraver le projet de réforme ? Je vous garantis que s'il y a une volonté politique pour aller de l'avant dans ce projet, pour combattre la corruption et pour encourager et assurer l'indépendance de la magistrature, je crois personnellement qu'il n'y aura pas d'obstacles à la bonne marche du projet. Bien évidemment, cette volonté on va la juger à travers les projets officiels, à travers la démarche et à travers les moyens qui seront mis en œuvre pour réussir cette réforme. Le ministre de la Justice a déclaré lors d'une récente réunion qu'il allait lancer à la mi-avril une série de concertations autour de la réforme de la justice. Quelles propositions allez-vous présenter dans ce sens ? Notre proposition est tout d'abord notre projet de mémorandum pour la réforme de la justice. Personnellement, j'aimerais dire que j'apprécie et la démarche entamée par le ministre de la Justice et la personne du ministre de la Justice. D'après ce qui m'est parvenu, le ministre de la Justice, depuis son investiture à ce poste, n'est jamais intervenu dans le fonctionnement ou dans les affaires soumises à la justice. En réalité j'ai beaucoup d'estime pour la personne de l'actuel ministre de la Justice et je suis optimiste jusqu'à preuve du contraire.