Ségolène Royal entend signifier son grand retour par la la publication le 5 février aux édition Denoël d'un livre d'entretiens avec la journaliste Françoise Degois, intitulé «Femme debout». Pour Ségolène Royal, le temps n'arrondit pas les ongles et n'attendrit pas l'humeur. Après son bruyant échec à prendre le contrôle du Parti socialiste comme elle se l'était promise après sa défaite aux présidentielles de 2008, le pari était qu'elle se cantonne à animer son réseau associatif «Désirs d'avenir», histoire de maintenir une présence et d'animer un réseau comme d'autres parrainent des «think tanks», ou soignent des lobbys, sans grande prétention à vouloir jouer les rôles de premier plan de l'opposition. C'était sans compter avec la foi mystique qui confine souvent à l'entêtement qu'à Ségolène Royal dans son destin. Après une petite parenthèse où elle s'était éclipsée malgré elle de l'actualité pour laisser à sa rivale Martine Aubry le soin de construire son leadership, elle a fait un retour fracassant par le biais d'une polémique aigre-douce à l'occasion de l'investiture de Barack Obama. Ayant été une des rares personnalités à avoir assisté à la cérémonie, Ségolène Royal avait poussé l'enthousiasme jusqu'à prétendre que ce sont ses «Désirs d'avenir», sa démarche participative via le recours à Internet qui avait inspiré et garanti le succès de Barack Obama. Les socialistes comme l'UMP se sont saisis de cette affaire pour faire claquer un grand éclat de rire moqueur. Devant cette exploitation, Ségolène Royal en était réduite à prétendre qu'il s'agissait bien sûr de sa part d'un trait d'humour mal compris. L'autre événement qui a marqué son retour au devant de la scène fut lorsqu'elle avait laissé dire qu'elle avait eu un petit déjeuner avec Dominique de Villepin, l'ex-Premier ministre de Jacques Chirac et éternel opposant à Nicolas Sarkozy. Il est vrai que Royal et De Villepin se connaissent depuis l'ENA, dans les années 70 où ils faisaient tous les deux partie de la promotion Voltaire, mais le timing de leur rencontre a pour objectif premier de faire jaser avec la malin plaisir de susciter toutes les curiosités sur les prochains redéploiements politiques. Mais le grand événement à travers lequel Ségolène Royal entend signifier son grand retour est la publication le 5 février aux éditions Denoël d'un livre d'entretiens avec la journaliste Françoise Degois, intitulé «Femme debout». Dans ce livre dont les bonnes feuilles circulent déjà dans les rédactions, Ségolène Royal dresse un portrait très peu flatteur de Nicolas Sarkozy : «Sa force vitale est impressionnante, mais c'est vraiment un m'as-tu-vu, un petit gamin heureux d'être au milieu de ses nouveaux jouets, vous savez, le môme qui a gagné le pompon sur le manège» et grossir le trait d'une impitoyable description du profil psychologique de l'actuel président de la République : « Ce qui me gêne chez lui, c'est son manque de morale, son amoralité. J'ai l'impression qu'il illustre bien l'expression « sans foi ni loi (…) Il ne cache pas son avidité, sa boulimie d'argent, de sensualité, de plaisir. Il y a une forme de cynisme poussé à l'excès comme de la provoc permanente, celle d'un adolescent qui voudrait épater la Terre entière (…) Sauf qu'il est chef d'Etat».