Quand les précipitations au Maroc ne font pas de victimes, elles provoquent d'importants dégâts sur nos infrastructures, démontrant la fragilité pathétique des équipements publics. La colère gronde parmi les citoyens, après les dernières précipitations. Les fortes pluies qui se sont abattues sur le pays ces derniers jours ont laissé derrière elles un véritable spectacle de désolation. Des chaussées défoncées, des canalisations qui débordent, des poteaux électriques dégarnis, au risque et péril des citoyens… «Je me demande si la ville a été bombardée», s'interroge un conducteur de taxi, contraint à jouer du slalom sur le boulevard de la «Résistance», à Casablanca. «A chaque chose, malheur est bon. Ces précipitations ont toutefois le mérite de mettre à nu l'indigence de nos infrastructures», philosophe un usager des taxis. Reste à savoir le prix à payer. «Il n'y a pas que les embouteillages. Même pour les piétons, il est difficile, voire risqué, de se hasarder sur un passage clouté», enchaîne-t-il. Un navettiste, qui empruntait la route longeant la gare Casa-Port, l'a échappé belle en évitant de justesse un automobiliste qui a perdu le contrôle de son véhicule en raison du cortège de trous qui se sont manifestés. Changement de décor. Rabat, l'autre capitale du Maroc, n'a visiblement rien à envier à l'état piteux de Casablanca. A ceci près que les travaux publics, -aménagement du métro notamment-, en ont rajouté au calvaire de la population. Le spectacle hideux qu'offre, aujourd'hui, le boulevard Bab El Had est là pour témoigner de l'ampleur des dégâts. Un véritable gâchis public ! Les habitants, échaudés par l'inclémence de la Nature, devront également faire avec l'insouciance, voire l'inconscience humaine. «On peut comprendre les aléas climatiques, mais ce qui répugne à la compréhension, c'est que à chaque nouvelle mésaventure naturelle nos routes soient défoncées», s'indigne un citoyen, furieux contre «la triche» et le «rafistolage» qui préside à l'équipement des infrastructures. La responsabilité des collectivités locales est clairement établie. «Quand on constate l'état de nos routes, j'ai de la peine à imaginer si je devrais encore voter», fulmine un habitant. A Salé , il y a pis que pire. Cette ville, qui souffre déjà d'un manque lamentable d'infrastructures, croule sous les trombes d'eau. Rien ne semble avoir résisté à la force des intempéries. A part, sans doute, les vieilles pierres. «Regardez comment les monuments de nos ancêtres Almoravides résistent encore. Cela fait des siècles et des siècles que ces murailles résistent à l'épreuve du temps. Nos élus auront pu simplement en tirer des leçons. Mais la tentation de l'argent facile est plus forte», relève un habitant du quartier Bab Sebta. Voilà pour Casablanca, Rabat et Salé. Nous sommes bel et bien au centre du pays. Qu'en dire, alors, des villes lointaines ? Les chutes de neige qui se poursuivent ont fait que, aujourd'hui, des provinces se trouvent complètement coupées du reste du pays. Les routes reliant Boulemane à Ifrane, ou plus encore à Outat El Haj, sont devenues impraticables. Idem pour la province de Figuig où les six douars de la commune rurale de Talsint ont été isolés par les fortes chutes de neige. On pourrait certes allonger la liste des dégâts, mais abrégeons : le pays est appelé à revoir de fond en comble l'état de ses infrastructures. Et cela devrait passer par la mise en place de mécanismes de contrôle des finances publiques destinées à l'accomplissement des chantiers publics.