La régionalisation avancée, le statut du Sahara marocain et autres priorités tracées par SM le Roi sont au centre de cet entretien avec Ismaïl Alaoui, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme. ALM : SM le Roi Mohammed VI vient de lancer le chantier d'une régionalisation avancée et graduelle. Quelle lecture faites-vous de cette initiative ? Ismaïl Alaoui : Par son intervention à l'occasion de l'anniversaire de la Marche Verte, SM le Roi a répondu à un vœu que nous n'avons cessé d'avancer avec d'autres forces progressistes et démocratiques. Celui qui veut que la régionalisation aille plus loin dans notre pays. Par ses progrès, la régionalisation permettra un approfondissement de la démocratisation de nos instances de gouvernance. Elle permettra aussi le développement de nos élites régionales car c'est par la pratique que ces élites pourront progresser et être à même de prendre à bras le corps les problèmes de nos concitoyens. Le discours de SM le Roi implique nécessairement un redécoupage du territoire national, une extension de la décentralisation et surtout l'engagement du pays dans le domaine de la déconcentration. L'expression royale est intervenue aussi à un moment où les adversaires de notre pays freinent des quatre fers. Elle est donc la manifestation que notre marche vers toujours plus de démocratie ne peut être l'otage de quiconque, ni de quoi ce soit. Que signifie exactement le concept de régionalisation avancée ? La régionalisation «avan-cée» signifie, de notre point de vue, l'octroi de plus d'initiative aux élus et à leurs instances dans le cadre de la décentralisation mais aussi de plus de moyens matériels, financiers et humains dans le cadre de la décentralisation. C'est dire que le «centre» doit passer le relais aux instances régionales. Ce n'est pas une mince affaire. Il y aura et des blocages et des déboires, mais l'essentiel est de donner un coup d'envoi significatif. Une régionalisation «avancée» signifie aussi (et SM le Roi y a fait mention) une révision du découpage actuel afin que les entités régionales trouvent leur justification dans l'histoire, l'économie et la culture et qu'elles ne soient pas fondées sur des considérations artificielles, sécuritaires ou autres. Quel statut aura le Sahara marocain dans cette nouvelle configuration régionale ? Le Sahara marocain (ou plus exactement l'ensemble de nos provinces du Sud-Ouest) aura le statut qui est en débat actuellement et dont le principe a été accepté implicitement par la communauté internationale et surtout explicitement par le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale des Nations Unies. Ce statut qui devra être généralisé à terme à toutes les régions de notre pays (si telle est la décision royale et populaire) permettra aux citoyens et citoyennes de gérer eux-mêmes leurs affaires, spécialement sur les plans sociaux, économiques et culturels. Il permettra, à terme, aux régions d'avoir leur fiscalité, de veiller à la qualité de l'enseignement (qui doit être généralisé) et des organes de santé sur leur territoire, sans oublier les aspects d'équipement en infrastructures. Même les instances de sécurité (polices municipales ou communales) peuvent être du ressort de la région. Seuls les domaines qui concernent la sécurité nationale, les finances, les grands équipements et la diplomatie continueront, de notre point de vue, à être du ressort du gouvernement central. Le Souverain a annoncé la création d'une commission ad hoc. La mission de cette dernière se limitera-t-elle à faire des propositions sur la régionalisation ? Les missions qu'aura à remplir la commission dont le Souverain a décidé la création seront certainement définies par les organismes et les instances que SM le Roi a mentionnés dans son discours.