SM le Roi a annoncé dans son discours de la Marche Verte le projet de mise en place d'une régionalisation avancée et graduelle. Mohamed Abied, secrétaire général de l'Union constitutionnelle, apporte son éclairage sur cette initiative. ALM : SM le Roi Mohammed VI vient de lancer le chantier d'une régionalisation avancée et graduelle. Quelle lecture faites-vous de cette initiative ? Mohamed Abied : Permettez-moi tout d'abord de préciser que le discours royal, prononcé à l'occasion du 33e anniversaire de la Marche Verte, est un discours historique à tout point de vue. Il marque un tournant décisif dans la gouvernance locale de notre pays. Il annonce une nouvelle série de réformes éventuelles qui aideraient à réaliser un bond en avant de notre processus démocratique et de notre démarche pour la concrétisation d'un développement global et solidaire. La régionalisation avancée et graduelle annoncée par SM le Roi répond donc parfaitement aux vœux de tous les Marocains. Elle est l'aboutissement logique d'un processus de décentralisation entamé depuis plus de trois décennies. Nous ne pouvons donc que déclarer notre adhésion la plus totale à cette initiative d'autant plus qu'elle s'inscrit parfaitement dans la vision de notre parti. Que signifie exactement le concept de régionalisation avancée ? Le thème de la régionalisation est substantiel à la fondation de l'Union constitutionnelle. Pour nous, la régionalisation s'est toujours inscrite dans la vision prospective de la décentralisation. Elle est l'image d'une démocratie territoriale basée sur des régions disposant de structures démocratiquement élues avec de très larges prérogatives concernant le développement économique, social et culturel, dans le cadre de l'Etat unifié. Ceci, à notre avis, ne peut être réalisé que sur la base de l'élaboration d'un découpage territorial rationnel ; de l'octroi de compétences adéquates et de prérogatives suffisantes aux structures régionales et enfin de la pérennité du rôle de l'Etat stratège et unificateur. Nous saluons hautement l'appel royal pour l'élargissement du débat et pour la conjugaison des efforts afin de faire émerger un modèle marocain original de régionalisation tenant compte de nos acquis, de nos péficités et de nos aspirations. Nous voulons produire un concept marocain de régionalisation. Nous y arriverons en faisant prévaloir notre patriotisme commun. Quel statut aura le Sahara marocain dans cette nouvelle configuration régionale ? Je pense que le Maroc reste foncièrement attaché à la fois à ses droits et aux négociations sérieuses sous l'égide des Nations Unies, autour de l'autonomie sous souveraineté marocaine en tant que solution définitive du problème du Sahara. Partant de là, et étant donné le contexte actuel, le Maroc décide souverainement de mettre en application des mesures à même de faire évoluer sa démocratie et son développement. La centralité du lien organique entre la question de notre intégrité territoriale et la régionalisation fait que le Sahara se trouve à la tête des régions concernées par cette mesure. De ce fait, les négociations ne peuvent qu'enrichir la procédure de régionalisation dans nos provinces du Sahara. Le Souverain a annoncé par la même occasion la création d'une commission ad hoc. Quel sera le rôle de cette commission ? La constitution de la commission consultative pluridisciplinaire, annoncée par SM le Roi, est appelée à mettre sur pied une conception générale de la régionalisation tenant compte du respect des principes fondamentaux, à savoir l'unité, l'équilibre et la solidarité. Cette conception doit également prendre en considération la nécessité de doter les régions d'une plate-forme administrative solide, de moyens financiers suffisants et d'un découpage préservant l'harmonie socioculturelle et garantissant la viabilité et la complémentarité de la région.