Professeur Mustapha El Azzouzi, président de l'AMMS, apporte plus d'éclairage sur la question de lutte contre la cécité réversible au Maroc et affirme que la législation constitue le grand problème qui entrave la greffe de la cornée. ALM : Vous avez assisté récemment à une conférence organisée par le Lions Club International sur la lutte contre la cécité réversible. Quels sont les objectifs de votre participation ? Mustapha El Azzouzi : Nous souhaitons marquer des ponts de collaboration avec d'autres associations, comme le Lions Club, puisque nous luttons ensemble contre un problème commun qui est la cécité réversible. C'est un problème très épineux. Les statistiques dénombrent plus de 400.000 personnes atteintes de cataracte et qui doivent être opérées. Donc, il y a une liste d'attente énorme. En tant que médecins et en tant que société civile, nous devons faire bouger ce dossier pour aboutir à éradiquer ce fléau de cataracte et par conséquent un certain nombre de problèmes sociaux. Seul le problème de cataracte est le souci commun entre l'AMMS et les autres associations ? Le problème de la cornée constitue un autre dossier épineux. C'est un problème qui est posé maintenant à la législation, puisqu'au point de vue technique, il n'y a pas d'obstacle. D'ailleurs, en Algérie et en Tunisie et dans d'autres pays, cette intervention se fait dans la pratique quotidienne. Et nous ne savons pas pourquoi ce problème persiste encore dans notre pays. Le législateur doit intervenir pour permettre la greffe de la cornée dans notre pays. Il faut par ailleurs inciter les gens à donner leur cornée après leur décès. Nous essayerons de constituer un réseau entre associations, universités et société civile pour faire face à cette situation concernant la greffe de la cornée et de la liste d'attente énorme de la chirurgie de la cataracte. Quelle place occupe le monde rural dans votre programme ? Le monde rural est au centre de nos préoccupations. Dans l'avenir, l'unité mobile constitue la solution idéale pour faire le lien avec ce monde. Elle nous permet d'aller chez les patients et non pas les faire venir en ville pour qu'il soient opérés. C'est formidable du point de vue économique et efficacité. C'est une expérience qui a apporté ses fruits. Notre souhait est d'avoir dans chaque province une unité mobile, pour lutter contre la cécité réversible. Comment voyez vous ce premier partenariat avec le Lions Club International ? J'ai été contacté par Abdelkader Masnaoui, Gouverneur du 416 District. Nous avons discuté autour du problème de la cécité. J'ai trouvé un grand intérêt du LCI à ce problème. Comme je préside une association qui a son unité mobile, la première au Maroc et en Afrique du Nord, je me suis engagé sans hésiter. Notre premier objectif est de rendre service au citoyen. La crédibilité, le sérieux et le savoir-faire du Lions Club nous ont encouragés à répondre présents à son appel. Quels sont les éléments qui doivent intervenir pour faire réussir cette opération ? Cela dépend de deux facteurs. Le premier est la volonté. Je crois qu'il n'y a pas de problème dans ce sens. La seconde est la législation et l'aide du ministère de la santé publique. Puisqu'il est le ministère de tutelle, il est appelé à jouer son rôle de coordinateur de cette opération, parce qu'il détient les chiffres épidémiologiques et la répartition géographique. Certainement, nous serons mieux renseignés sur certains paramètres qui sont indispensables pour trouver une stratégie efficace et durable à ce problème.