Le film de Mohamed Smail «Adieu mères» a été retenu pour concourir aux Oscars 2009 dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. Le réalisateur émet ses appréciations. ALM : C'est pour la seconde fois consécutive qu'une production cinématographique nationale concours aux Oscars. Que représente cette nouvelle sélection ? Mohamed Ismail : Pour moi, être retenu aux Oscars 2009, est déjà une consécration du fait que le drapeau marocain sera hissé lors de cette prestigieuse cérémonie du 7ème art. Mon film «Adieu mères» est en effet la deuxième production cinématographie marocaine candidate aux Oscars, notamment après le film «La symphonique marocaine» de Kamal Kamal. La première candidature n'était pas très bien structurée étant donné qu'on n'avait pas assez d'expérience dans ce genre de compétition. Avec la candidature d'«Adieu mères», le Maroc est entré dans la cour des grands face à de grandes productions étrangères et c'est tant mieux pour le 7ème art national. Il est donc grand temps de s'activer pour décrocher pourquoi pas un prix aux Oscras 2009. Qu'entendez-vous par expérience non structurée ? Il s'agit en l'occurrence d'un travail de promotion qui n'a pas été fait comme il se devait, concernant particulièrement la première candidature marocaine. Quand on parle promotion, il faut préciser une chose : nous devons faire en sorte que nos productions soient accompagnées des médias aussi bien au niveau national qu'international. C'est comme dans une campagne électorale où il faut pratiquement informer les gens, les inciter à voir le film et participer au débat que suscite ce dernier. D'après vous, le Maroc réussira-t-il à décrocher un prix aux Oscars 2009 ? Je suis très optimiste vu la qualité du film «Adieu mères» tant au niveau technique qu'au niveau de la fiction et des thèmes qu'il traite, à savoir la cohabitation des religions et des différentes cultures sur un même espace, la tolérance, l'entraide, la paix…. La tâche est assez difficile pour nous, je le reconnais. Mon film devrait réussir à séduire une partie des quelque 2500 électeurs, censés donner leur verdict quant aux productions en lice aux Oscars 2009. Votre film paraît avoir des points communs avec celui de Hassan Benjelloun « Où –vas-tu Moshé », au niveau du thème de la cohabitation entre juifs et musulmans ? C'est vrai que nos deux fictions se situent à la même époque et traitent notamment le sujet de l'émigration des juifs marocains. Cependant nos approches demeurent différentes. En ce qui me concerne, il s'agit plus de s'interroger sur le pourquoi de cette émigration en montrant que cette population juive n'était pas obligée de quitter le pays où elle a toujours été respectée et chaleureusement accueillie et où elle pouvait pratiquer en paix sa propre religion. Remarquez que jusqu'à nos jours au Maroc, plusieurs synagogues sont toujours ouvertes et continuent d'accueillir les fidèles de confession juive pour pratiquer leurs prières.