Le mois de septembre connaîtra un nouveau round de dialogue social qui réunit le gouvernement, les centrales syndicales et le patronat. Mohammed Yatim, secrétaire général de l'UNTM et membre dirigeant du PJD, évoque les enjeux et les difficultés de la nouvelle rentrée sociale. ALM : Comment se présente pour vous la nouvelle rentrée sociale? Mohammed Yatim : Il faut se rappeler que le dernier round du dialogue social s'est soldé par un échec flagrant. Les offres du gouvernement ont été rejetées par les quatre principales centrales syndicales, excepté l'Union générale des travailleurs marocains (UGTM). Compte tenu de la présente situation sociale et les revendications des centrales syndicales, le prochain round s'annonce tout aussi chaud. Les offres du gouvernement n'ont pas atteint le minimum des revendications syndicales. Le pouvoir d'achat a subi une grande érosion, sans que le gouvernement procède à une augmentation des salaires notable. Le gouvernement vient d'annoncer un nouveau round de dialogue social. Qu'attendez-vous concrètement de ce round ? Au sein de notre centrale syndicale, nous espérions que le dialogue social ait lieu avant l'élaboration de la loi de Finances. Nous voulions que les résultats de ce dialogue soient pris en considération dans cette loi. Malheureusement, le gouvernement n'a pas pris en compte notre appel, puisque la loi de Finances est en phase d'achèvement. L'autre point que je tiens à soulever, c'est que, jusqu'à présent, nous ne pouvons pas parler de dialogue social. Ce sont des séances d'écoute. Le gouvernement vient d'entendre les propositions des différentes centrales syndicales. Puis, il rencontre le patronat. Et enfin, il propose des offres qui ne répondent pas à nos attentes. Il n'y a pas de commissions techniques qui veillent sur ces négociations et peuvent évaluer les précédents round de dialogue. Lors de notre prochaine réunion avec le gouvernement, nous essayerons de négocier et renégocier les propositions gouvernementales. À ce niveau, quels sont les dossiers qui semblent urgents et qui paraissent prioritaires au sein de votre centrale syndicale ? Nous insistons sur l'amélioration de la situation des employés, qu'ils soient dans le secteur public ou privé. Il est fort probable que les prix connaissent de nouvelles augmentations vu la situation économique mondiale. Nous tenons à ce que le gouvernement revoie ses offres. Nous avons appelé le gouvernement à procéder à l'augmentation des salaires en janvier 2008 et non en janvier 2009. Nous revendiquons également la création des commissions techniques qui assurent le suivi des travaux des négociations. Je crois qu'il n'y aura pas de résultats tangibles tant que le dialogue social s'effectue de cette manière. Il faut que le gouvernement, les centrales syndicales et le patronat se mettent, tous, autour de la même table et discutent sur les différents sujets. L'année prochaine sera également marquée par des élections qui vont être cruciales. Dans le cas où le gouvernement ne répondrait pas aux revendications des centrales syndicales, nous serons obligés d'entamer une série de manifestations comme ceux du mois de mai dernier. Qu'en est-il de la rentrée politique pour le Parti de la justice et du développement ? La rentrée politique sera spéciale pour le PJD. Dans le sens où notre parti politique va acquérir l'année prochaine un nouveau souffle après l'élection de Abdelilah Benkirane comme secrétaire général du PJD. Nous continuerons à jouer notre rôle sur la scène politique nationale. Nous allons militer pour que les élections communales de 2009 ne connaissent pas le même sort que celles de 2007, qui était catastrophique. Nous continuerons à défendre le processus de démocratisation que connaît notre pays. Pour la rentrée qui s'annonce, le PJD prendra en compte plusieurs considérations, entre autres, les résultats de notre dernier congrès et les transformations que connaît la scène politique nationale. Ne croyez-vous pas que la création du Mouvement pour tous les démocrates (MTD) a dynamisé la vie politique au Maroc ? Il ne faut pas oublier que ce genre de coalitions n'est pas une nouvelle expérience au Maroc. Le problème n'est pas là. Mais c'est plutôt un problème de culture politique. Comment expliquer alors l'intervention de l'Administration au nom de l'Etat pour des raisons politiques. Quant aux appels à la création d'une coalition sous le nom du même parti politique, ils ne se fondent pas selon une idéologie bien définie. Je crois que le Maroc n'a pas besoin d'un pôle ou d'une fusion sous commande. Nous ne pouvons pas imaginer un parti politique qui puisse servir les intérêts du Royaume alors qu'il a été créé pour construire un front contre le PJD. Les bras de notre pays sont ouverts pour tous les «vrais démocrates». Plus clairement : un parti qui a été créé contre le PJD ne peut pas prétendre servir les intérêts du Royaume ni ceux de la démocratie Nous sommes prêts à élargir notre horizon pour travailler au niveau du gouvernement, à collaborer avec les différentes forces politiques au niveau local pour la réforme. Le seul critère c'est que ces personnes, ou ces partis politiques, soient connues pour leur transparence et crédibilité. Concernant la participation aux élections partielles, le PJD va-t-il y présenter des candidats ? Assurément, le PJD sera présent dans ces élections. Il sera présent à Tiznit, Marrakech, Mohammédia… Cette année, je crois que l'on connaîtra un taux de participation faible, au même titre que celui du précédent scrutin législatif de 2007. Ce qui compte pour nous dans ces élections partielles, c'est de participer pour prendre le plus de places possible pour barrer la route à tous ceux qui essayeront d'entacher ces élections.