Pour Hamid Ben Elafdil, directeur du Centre régional d'investissement de Casablanca, la création de l'Instance centrale pour la prévention de la corruption et du Conseil de la concurrence va rendre l'acte d'investir au Maroc moins risqué. ALM : Que pensez-vous de l'activation du Conseil de la concurrence ? Hamid Ben Elafdil : Je pense que la nomination, la semaine dernière, de Abdelali Benamor par SM le Roi Mohammed VI en tant que président du Conseil de la concurrence est un signal fort à l'égard des investisseurs. Idem pour la nomination de Abdeslam Aboudrar à la tête de l'Instance centrale pour la prévention de la corruption. La création de ces deux instances est un signal aussi bien pour les consommateurs que pour les investisseurs nationaux et étrangers. Quel sera l'apport du Conseil de la concurrence dans l'acte d'investir ? Le Conseil de la concurrence est une garantie de plus pour les investisseurs aussi bien nationaux qu'étrangers. Cela montre à l'investisseur qu'il n'y a pas de position de monopole qui lui serait préjudiciable. Et même en cas de conflits entre opérateurs économiques, c'est le cas d'ailleurs dans d'autres pays, l'investisseur sait d'ores et déjà que cette instance lui permettra de régler ses problèmes dans le respect des lois régissant les marchés libéraux. Le Conseil de la concurrence est d'une importance capitale pour les investisseurs. À votre avis quel est l'impact de la création de l'Instance centrale pour la prévention de la corruption sur l'investissement au Maroc ? Vous savez, la corruption est un point noir qui est soulevé dans les grandes enquêtes internationales. La corruption est un fléau qui pénalise l'économie nationale. Pour les investisseurs qui citent souvent cette plaie, la création de cette nouvelle instance va certainement les rassurer. Le travail de l'Instance centrale pour la prévention de la corruption va rendre ainsi l'acte d'investir au Maroc moins risqué. Cela va se répercuter sur le niveau d'amélioration de la perception du risque dans notre pays. Nous attendons donc les résultats de ces deux nouvelles instances qui, notons-le, travaillent à long terme. Dans le discours du Trône, le Souverain a parlé de la modernisation de l'appareil judiciaire pour favoriser un climat de confiance et de sécurité en tant que catalyseur stimulant le développement et l'investissement. Effectivement, quand un opérateur voit des opportunités d'investissements, il étudie aussi bien les gains qu'il va enregistrer, mais aussi les risques qu'il prendra tout au long du processus du développement de son projet. Ces risques peuvent être liés à des conflits avec des fournisseurs, des collaborateurs…Et généralement, les opérateurs finissent par porter ces affaires devant les tribunaux. Dans ce sens, la modernisation de l'appareil judiciaire favorisera certes un climat de confiance et de sécurité qui se présente comme un catalyseur stimulant le développement et l'investissement. Chaque investisseur prend ainsi ses décisions en fonction du risque du pays. Certains investisseurs vont même jusqu'à abandonner leurs projets quand ils jugent le risque trop élevé. Conseil de la concurrence en bref Le Conseil de la concurrence est un organe consultatif, qui peut être saisi, en vertu de l'article 15 de la loi 06-99. Sur la base des avis et recommandations formulés par ce Conseil, le Premier ministre rend ses décisions pour les affaires qui lui sont soumises, notamment celles relatives aux pratiques anticoncurrentielles et aux opérations de concentration économique. Le Conseil de la concurrence est censé adresser chaque année au Premier ministre un rapport d'activité. Cet organisme est composé de 7 représentants de l'administration, 3 experts en matière juridique, économique, de concurrence ou de consommation et 3 représentants des divers secteurs de production, de distribution ou et de services.