Généreusement, celui que ses parents allaient baptiser un 3 novembre 1938 Kamil, ouvre aux lecteurs, grandes ouvertes, les portes de sa mémoire et de son cœur. Et sur 233 pages il étale l'expérience et l'itinéraire singulier d'un homme fruit des deux rives de la Méditerranée. Confiant son autobiographie à un style d'une transparente légérté, il peint la quintessence. Et de père en fils, la passion de l'écriture se transmet. Dans la préface du livre, Etienne Mougeotte, directeur des rédactions du Figaro, note : «Belle histoire d'un homme de cœur qui par ses engagements professionnels, son investissement familial, son culte de l'amitié, a développé un parcours fondé sur le respect, l'estime de l'autre». Le portrait de Kamil El Kholti, sculpté à travers de nombreuses et riches expériences, vécues avec intensité et passion, se dessine à travers plusieurs chapitres. Traversant les souvenirs de l'enfant Kamil, natif de Paris, l'on s'achemine vers une enfance en France et une seconde au Maroc, bercée par l'amour et l'affection des parents et grands-parents. Pour brosser le parcours singulier de Kamil El Kholti, le narrateur se fie à une remonte et une réminiscence dictées par des récits familiaux. Son enfance en France se brode autour de scènes de l'occupation allemande. Le jaillissement des souvenirs s'effectue à travers des objets et des couleurs, notamment les uniformes vert-de-gris et les courtes bottes des soldats allemands. Le niveau fictionnel de cette autobiographie est de temps à autre trahi par cette minutieuse précision au niveau des dates et des adresses de quartiers ou de ruelles. «Nous résidions alors au 92 bis Avenue de Versailles entre le pont Mirabeau et le quai de Javel… Eté 1946, mes parents décidèrent de nous faire connaître le Maroc», écrit Kamil El Kholti. L'auteur partage avec son lecteur une forte jouissance et une sorte d'euphorie quant à la résurrection des plus importantes étapes de l'enfance. Et l'aventure de l'écriture se poursuit avec les souvenirs au Maroc, la scolarité entre Rabat et Meknès. Kamil El Kholti, au parcours singulier et à la casquette multiple dont celles de directeur des écoles Pigier à travers le Maroc, ancien cadre supérieur d'Esso, ancien président des Lions club, ancien champion du Rally automobile, et même ancien officier des Forces armées royales. Excusez du peu : Kamil El Kholti fait partie du premier noyau d'officiers marocains formés au lendemain de l'indépendance en 1956. En quoi ce parcours est-il singulier ? C'est d'abord une naissance d'un Marocain à Paris durant les années 30 et en pleine guerre mondiale, le père, Mohamed El Kholti, l'un des premiers lauréats du lycée Moulay Idriss à Fès qui avaient été admis à poursuivre des études supérieures en France à la fin des années 20, est également l'ami de Pompidou et de Senghor, et enseignant à la Sorbonne. Et l'aventure des mots ouvre la grotte des souvenirs dans les forces armées Royale. «Alors que la date de l'examen du baccalauréat se rapprochait… j'appris que les Forces Armées Royales recrutent de jeunes Marocains… Je signais un engagement de cinq ans…», confie Kamil. Puis le retour à la vie civile où allait s'entamer une carrière des plus brillantes, dictée par une forte et profonde conviction de se forger une nouvelle existence baignée dans un magma de réussites et une vie associative des plus enrichissantes. Pointent alors les grandes passions, le golf et le rallye. Et pour clore en beauté son récit autobiographique, le narrateur choisit d'illustrer les moments forts ayant marqué sa vie, par l'art de la photographie qu'il a intitulé «Florilège d'images».