Dès que Bruno Gollnisch a donné le départ, Marine Le Pen, la fille de son père est sortie du bois. Candidate naturelle à hériter, il fut celle que le paternel a déléguée auprès de l'opinion pour porter sa bonne parole. A feuilleter l'actualité politique française de ces dernières mois, la tentation est grande de constater qu'une formation politique aussi active que le Front National, qui a pu envoyer un candidat au second tour d'une élection présidentielle, ait pu disparaître avec cette facilité du radar des événements. Cela pourrait être mis au crédit de Nicolas Sarkozy qui, de l'aveu même de ses nombreux détracteurs à gauche, a su capter l'héritage du Front National, le vider de sa charge xénophobe et le vendre à une opinion obsédée par la notion de «sécurité». Les rares fois où Jean-Marie Le Pen a pu faire parler de lui, ce fut lorsque, sous la pression des dettes cumulées de deux campagnes électorales perdues, il s'est résigné à vendre le siège historique de son parti « Le Paquebot » et être obligé de se reloger dans de plus modestes conditions. Le tout accompagné d'une polémique politico-immobilière des villes qui rechignent à recevoir le siège du Front National. La seconde fois lorsqu'il confirme être le parrain de la fille de l'humoriste noir Dieudonné : «C'est un épisode de vie privée, je suis en effet le parrain d'une petite fille de Dieudonné M'bala», avait-il lancé avec la sensation jouissive d'avoir joué un mauvais tour à ses détracteurs. Entre ces deux hommes, c'est un histoire de coups de cœur à usage médiatique réciproque entamé depuis le 11 novembre 2006, lorsque l'humoriste, bravant tous les interdits qu'il s'était imposés, avait participé à la fête du Front National «Bleu Blanc Rouge» au Bourget. Pour justifier ce rapprochement, Jean-Marie Le Pen ne lésine pas sur la démagogie bon marché en évoquant «un certain nombre de points communs» : «Il est breton comme moi et nous faisons partie de la communauté des parias, la communauté des persécutés, ça rapproche (..) Nous sommes persécutés de la même manière à cause de notre liberté de pensée et notre liberté de parole». La dernière fois où le Front National fait parler de lui, c'est lorsqu'il ouvre officiellement la guerre de succession de Jean-Marie Le Pen, 80 ans. L'accélération fut donné par le vice-président exécutif du Front, Bruno Gollnisch, en se déclarant officiellement prêt à reprendre le flambeau lors du prochain congrès. Dès que Bruno Gollnisch a donné le départ, Marine Le Pen, la fille de son père est sortie du bois. Candidate naturelle à hériter, il fut celle que le paternel a déléguée auprès de l'opinion pour porter sa bonne parole : «Si Jean-Marie Le Pen m'a accordé sa confiance, c'est que dans son esprit j'avais fait la preuve de l'efficacité de mes méthodes sur le plan électoral». Dans sa profession de foi, Marine Le Pen détaille son engagement et énumère les qualités qu'un chef devrait avoir : « l'énergie, le dynamisme. Et j'ai peut-être une vision plus sociale de l'action politique (…) Je pense pouvoir élargir notre base électorale mieux que lui, (…) le futur président devra être le porte-parole le plus médiatique». Bruno Gollnisch avait devancé ses critiques en faisant valoir son meilleur profil : «J'ai une certaine antériorité sur elle pour des raisons d'âge et de date de mon engagement politique. Par conséquent, c'est Marine qui, en accédant à des responsabilités au sein du mouvement, a pensé qu'elle pouvait réaliser un certain aggiornamento». La stratégie appliquée par Marine Le Pen lors des dernières consultations électorales est l'objet de vives critiques au sein du FN. A travers le discours et les prises de position de Marine Le Pen, le Front National avait fait le choix d'arrondir les angles et de tendre vers plus de normalité et de respectabilité. Et selon de nombreux connaisseurs, cette attitude avait le dont de dérouter le socle électoral du Front National qui ne retrouve plus ses repères. Lequel est revenu soit à ses premières amours ouvriers sous la bannière d'Olivier Besancenot quand il ne s'est pas silencieusement dilué dans la respectable UMP de Nicolas Sarkozy. Voyant cette bataille à couteaux tirés s'installer dans la galaxie du FN et les déchirements en perspective qu'elle ne manquerait pas de provoquer, Jean-Marie Le Pen avait tenté de calmer les esprits : «Il ne peut y avoir de guerre de succession, puisque je me porte très bien et que le prochain congrès du Front National se tiendra dans 2 ans. Il sera temps alors de se poser la question».