Dans son rapport annuel remis au Souverain, Bank Al-Maghrib annonce un code d'éthique sur le financement du secteur immobilier et appelle à une transparence dans l'information financière pour éviter une bulle spéculative. C'est au Palais Marchane, à Tanger, que Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, a présenté à SM le Roi Mohammed VI, mercredi 2 juillet, le rapport annuel de la Banque centrale sur la situation économique, monétaire et financière au titre de l'année 2007. Dans ce rapport de 200 pages, le wali de Bank Al-Maghrib a constaté que le déficit commercial s'est accru de 40,8 % et a représenté près de 23 % du PIB. Pour l'encours du crédit à l'habitat, il est resté relativement faible par rapport au PIB, soit 14% à fin 2007. En analysant le rythme d'augmentation de cette catégorie de crédit, le gouverneur de la Banque centrale incite à la vigilance. «Face à ces développements, Bank Al-Maghrib a renforcé sa surveillance, invité le système bancaire à suivre de près l'évolution de ces crédits et les risques y afférents, et approfondi le suivi des opérations de hors bilan», ajoute-t-on. Au cours de l'exercice précédent, l'encours des crédits immobiliers est passé de 81,1 milliards à 107,5 milliards de dirhams, représentant près de 28 % du total des crédits sains distribués par les banques, en liaison avec les mesures d'encouragement de l'acquisition de logements et la baisse des taux d'intérêt. C'est ainsi que la Banque centrale a initié la préparation d'un code d'éthique sur le financement du secteur immobilier. D'autres actions doivent être également envisagées, notamment au niveau de la réglementation et de la gestion du domaine privé et public de l'Etat, selon la même source. Par ailleurs, «les recettes du tourisme et les transferts effectués par les Marocains résidant à l'étranger qui ont enregistré des progressions respectives de 28,1% et de 17,5% n'ont pas permis de couvrir le déséquilibre des échanges de biens», lit-on dans ce document. Idem pour le compte courant qui a dégagé, pour la première fois depuis six ans, un très léger déficit, de l'ordre de 0,1% du PIB. Le rapport de la Banque centrale annonce également que la balance des paiements s'est soldée par un excédent de près de 18 milliards de dirhams, consolidant ainsi les réserves de change qui ont atteint à fin 2007 l'équivalent de 9 mois d'importations de biens et services. Pour le marché des capitaux, l'appréciation des cours boursiers est demeurée soutenue en 2007, s'ajoutant à la très forte progression de 2006. Une tendance qui incite au renforcement du suivi des développements sur ce compartiment, selon M.Jouahri. En ce sens, «tous les régulateurs doivent s'assurer que les opérations traitées sont conformes à la réglementation existante et l'information financière doit être largement diffusée, dans la transparence la plus totale». Et ce, afin de contenir les facteurs pouvant être à l'origine de la formation d'une bulle spéculative. En fait, l'ambition de Bank Al-Maghrib est grande : «notre pays est en effet dans une position de choix qui fait que l'ambition d'en faire une plateforme financière régionale est à notre portée», comme l'a souligné M. Jouahri devant le Souverain. Et pour avoir les moyens de ses ambitions, le wali de Bank Al-Maghrib a identifié quatre chantiers. Pour lui, devenir une place financière suppose de prime abord d'assurer certains prérequis. Il s'agit de la préservation de la stabilité macroéconomique, la solidité du système financier et le développement des marchés financiers ainsi que le renforcement de la réputation anti-inflation de la Banque centrale.