Binyamin Ben Eliezer est devenu mercredi soir le chef du Parti travailliste, donnant ainsi une orientation plus radicale à son mouvement. Sharon compte un allié objectif en plus. L'actuel ministre de la Défense Ben Eliezer, 65 ans, s'est imposé avec une très courte avance sur son adversaire, le président de la Knesset (Parlement), Avraham Burg, grâce à la très forte abstention de l'électorat druze, initialement favorable à Burg. Ce qui n'avait pas été le cas le 4 septembre dernier où, à l'issue d'un premier vote, Burg avait été élu à l'arraché. Une victoire que Ben Eliezer avait contestée en accusant les partisans de son adversaire de fraude électorale. Pour sortir de l'impasse, la commission juridique du parti avait décidé la tenue de nouvelles élections dans 51 bureaux où le scrutin était litigieux… Binyamin Ben Eliezer, qui affectionne son surnom arabe «Fouad», parce qu'il est né en Irak, se présente comme un «faucon» favorable au maintien de son parti dans le gouvernement d'union nationale d'Ariel Sharon. Issu de l'aile dure du parti, il a toujours donné son feu vert à la politique répressive de l'actuel gouvernement. Il avait notamment approuvé la décision de considérer Yasser Arafat «hors-jeu», mais aussi les meurtres ciblés d'activistes palestiniens, les incursions de l'armée, les raids aériens et le blocus des localités palestiniennes de Cisjordanie et de la bande de Ghaza. Une approche musclée que ne partage pas le leader historique du mouvement, et actuel ministre des Affaires étrangères, Shimon Peres. L'ancien général Ben Eliezer, arrivé à l'âge de treize ans en Israël, est un homme au franc-parler typiquement militaire qui incarne l'aile droite d'un parti dont il est devenu l'un des leaders après la démission forcée d'Ehud Barak. Dès son entrée en fonction au ministère de la Défense, en mars 2001, il avait annoncé que son objectif principal serait de rétablir la sécurité et laissé clairement entendre qu'il frapperait aussi fort qu'il le faudrait après plus de cinq mois d'Intifada. Mercredi encore, il affirmait que le chef de l'Autorité palestinienne avait «fini son rôle historique», tout en se déclarant prêt à retourner à la table des négociations si les Palestiniens renonçaient à la violence. Sharon n'aurait pas dit mieux. A ce propos, il avait exigé dès le déclenchement de l'Intifada, l'arrêt des pourparlers, allant contre l'opinion de la majorité du gouvernement dirigé à l'époque par Ehud Barak. Il reste aujourd'hui partisan d'une politique de fermeté vis-à-vis du Liban et de la Syrie, stratégie qui pourrait se traduire par des opérations israéliennes d'envergure en cas de nouvelles attaques du Hezbollah chiite libanais. Ce jeudi matin d'ailleurs, des soldats israéliens stationnés au pied du plateau du Golan ont tiré à la mitrailleuse en direction du territoire libanais, notamment le village de Kfar Chouba, tandis que des hélicoptères israéliens survolaient le secteur.