Depuis l'attaque du 13 décembre, qui a fait 14 victimes dont les cinq assaillants, les relations entre l'Inde et le Pakistan traversent de fortes turbulences. À l'origine du conflit, deux mouvements islamistes basés au Pakistan, Lashkar-e-Taiba et Jaish-e-Mohammad, sont accusés par l'Inde d'avoir perpétré l'attentat derrière lequel New Delhi voit la main des services secrets pakistanais. Ce qui explique que la tension est particulièrement vive à la frontière du Cachemire, où l'on signale des mouvements de troupes le long de la ligne de démarcation et des échanges de tirs, ayant fait plusieurs tués. Atal Behari Vajpayee, le Premier ministre indien est formel. « Nous ne voulons pas de guerre, mais la guerre nous est actuellement imposée et nous allons devoir y faire face », a-t-il déclaré lors d'un rassemblement organisé pour le 77e anniversaire de la fondation de son parti, le BJP. Blindés, avions de combat et navires de guerre ont renforcé le dispositif militaire de l'Inde aux frontières avec le Pakistan suite aux escarmouches entre gardes-frontières des deux pays. L'Inde a rappelé lundi pour consultations son ambassadeur à Islamabad et ordonné l'expulsion d'un diplomate pakistanais en poste à New Delhi. Le Haut commissaire indien en poste au Pakistan, Vijai K. Nambiar, est rentré ce mardi en Inde. Avant de regagner New Delhi, l'ambassadeur a déclaré à la presse qu'il n'excluait pas l'éclatement d'une guerre ouverte, tout en soulignant que la situation n'était pas irréversible. Pour sa part, l'armée pakistanaise a déployé des batteries de DCA le long de la frontière et transféré des soldats de la garnison orientale de Sialkot vers la ligne de cessez-le-feu. Et, selon les observateurs, ces mouvements de troupes sont plus importants que de simples redéploiements de routine. L'Inde et le Pakistan, qui appartiennent au club très fermé des puissances nucléaires, se sont battus à trois reprises, dont deux à propos du Cachemire, depuis la partition du « Raj » britannique en 1947. Le Pakistan dit souscrire à la doctrine de l'OTAN de première frappe nucléaire contre des forces conventionnelles adverses supérieures en nombre et en puissance. L'équilibre conventionnel étant très défavorable au Pakistan dans tous les domaines (chars, forces aériennes, etc.). Il est donc à craindre qu'en cas de conflit ouvert, il ne soit rapidement fait recours à l'arme atomique. New Delhi et Islamabad ont procédé, en mai 1998, à onze essais nucléaires souterrains. L'Inde a testé des engins thermonucléaires (fusion) et des armes à fission et procédé à la détonation de deux engins expérimentaux miniaturisés de moins de 1 kilotonne. Pour sa part, le Pakistan a procédé à six explosions d'engins nucléaires (fission). Les experts occidentaux affirment que les tests thermonucléaires indiens ainsi que plusieurs tests pakistanais n'ont pas fonctionné.