La tension n'en finit pas de monter entre l'Inde et le Pakistan. Et, en dépit de tous les appels au calme, la rhétorique guerrière se poursuit entre les deux pays. Malgré les efforts de Washington pour ramener le calme entre les deux pays membres de l'alliance «antiterroriste», New Delhi et Islamabad continuent de jouer à se faire peur. George Fernandes, le ministre indien de la Défense, a fait monter d'un cran la tension, mercredi, en annonçant que les systèmes de missiles sont en «place», à proximité de la frontière pakistanaise. L'armée indienne aurait amené des batteries de missiles sol-sol guidés Prithvi (la terre) à proximité de la frontière dans le Pendjab. Ayant une portée de 150 kilomètres, ces engins sont en mesure de transporter une charge nucléaire. «Nous ne voulons pas la guerre», mais «le Pakistan n'hésitera pas à utiliser des armes non conventionnelles en raison de la vaste supériorité dont bénéficie l'Inde en matière d'armes conventionnelles», a affirmé un responsable militaire ayant requis l'anonymat. Côté pakistanais, on estime que New Delhi cherche à profiter de la campagne «antiterroriste» mondiale menée par les Etats-Unis pour mettre un terme à la rébellion séparatiste musulmane qui se poursuit au Cachemire depuis 1989, et que le Pakistan qualifie de «lutte de libération».C'est là en fait que réside la véritable genèse du problème entre les deux pays. On ajoute, en outre, à Islamabad que «les pressions indiennes» visent également à empêcher «toute possibilité de reprise économique» au Pakistan.Dans la capitale pakistanaise, un haut responsable a déclaré que les Etats-Unis s'efforcent de désamorcer la tension. «Nous leur disons (aux Américains) que c'est l'Inde qui fait voler la poussière et qu'elle est seule responsable de l'escalade actuelle. Il faudrait dire à New Delhi de se calmer», a-t-il ajouté. Ce regain d'hostilité entre ces deux pays, qui se sont déjà livrés trois guerres depuis leur indépendance en 1947, a pour origine l'attentat-suicide contre le Parlement fédéral indien le 13 décembre (14 morts dont ses 5 auteurs). Deux mouvements islamistes basés au Pakistan, Lashkar-e-Taïba et Jaish-e-Mohammad, sont accusés par l'Inde d'avoir perpétré l'attentat derrière lequel New Delhi voit la main des services secrets pakistanais. Des supputations démenties par Islamabad qui a demandé à l'Inde d'en apporter des preuves. Lundi, le Pakistan avait suivi Washington en ordonnant le gel des comptes bancaires du Lashkar-e-Taïba. Le lendemain, Islamabad avait également annoncé l'arrestation de Maulana Masood Azhar, chef du Jaish-e-Mohammed, autre organisation également active au Cachemire. Des mesures jugées «superficielles » par l'Inde. En dépit des tensions militaires, le président pakistanais, Pervez Musharraf, a fait savoir qu'il avait toujours l'intention de se rendre à un sommet régional d'Asie du Sud, du 4 au 6 janvier à Katmandou (Népal), auquel doit participer le Premier ministre indien, Atal Behari Vajpayee. Peut-être une occasion de franche explication.