Pour arnaquer les gynécologues, deux quadragénaires, pères de famille, se faisaient passer pour des officiers de police qui enquêtent sur d'éventuelles opérations d'avortement. Deux quadragénaires, bien habillés et bien rasés, se sont tenus, ce matin du jeudi 8 mai, devant la porte ouverte du cabinet d'un gynécologue de la capitale administrative. L'aîné a pris l'initiative de se présenter devant l'employée chargée de l'accueil. Sans aucun doute, elle s'est interrogée sur l'objectif des deux hommes surtout qu'ils n'accompagnaient aucune femme. Mais, elle n'a pas divulgué sa question en attendant de savoir ce qu'ils cherchaient au juste. «Nous sommes des officiers de police exerçant à la préfecture de police de Rabat…Nous enquêtons sur des éventuelles opérations d'avortement effectuées dans des cabinets de gynécologues à travers la capitale…», s' est-il présenté avec un sourire aux lèvres. L'employée lui a expliqué qu'elle était chargée uniquement de l'accueil des clients. Elle leur a précisé que seule l'adjointe du médecin pouvait leur donner les informations nécessaires pour les aider dans leur enquête. «Mais nous nous intéressons à vous ,à tous ceux qui travaillent dans les cabinets ainsi qu'aux clientes…», lui a précisé l'aîné des deux quadragénaires. Et ce dernier a commencé son interrogatoire, alors que l'autre se chargeait de consigner les réponses dans un calepin. Ils ont demandé aux employés du cabinet s'ils avaient jamais remarqué le gynécologue en train d'avorter une femme enceinte ou l'avoir aidée à avorter. Ils leur ont demandé de leur remettre les registres et d'autres documents. Aux clientes enceintes, ils ont demandé si elles étaient venues pour se faire avorter ou uniquement pour effectuer un contrôle…«Si tu permets, j'ai besoin du numéro de téléphone cellulaire du médecin pour l'appeler et nous passerons prochainement pour continuer notre enquête…», a dit l'un des deux quadragénaires à l'adjointe du gynécologue. Cette dernière lui a noté le numéro sur la carte visite du médecin qu'elle lui a remise tout en les rassurant qu'elle serait à leur disposition à n'importe quel moment pour les aider à avoir tous les renseignements nécessaires pour accomplir leur enquête. «Surtout que notre cabinet ne pratique rien d'illégal...», leur a-t-elle précisée. Les deux quadragénaires sont partis avant l'arrivée du gynécologue. Vingt-quatre heures plus tard, le téléphone portable de ce dernier a sonné. Qui est à l'appareil? «Je suis l'officier de police, Mohamed…Nous étions, hier, à ton cabinet en train d'enquêter sur d'éventuelles opérations d'avortement…Après l'interrogatoire de tes employés et quelques clientes que nous avions rencontrés, nous avons conclu qu'il y avait quelque chose qui clochait…Nous sommes prêts à fermer ton dossier, mais à une seule condition… », lui a expliqué son interlocuteur. Laquelle ? L'interlocuteur a répondu : «Un pactole de 40 mille dirhams…». Le gynécologue a accepté l'offre et a fixé le mardi 13 mai pour le second rendez-vous. Après avoir raccroché le téléphone, il a alerté la police. Quand les deux quadragénaire ont rejoint le gynécologue, ils ont trouvé la police à leur attente. Qui étaient-ils ? Les deux personnes étaient en fait des escrocs qui se faisaient passer pour des officiers de police. Ils ont été traduits, le vendredi 16 mai, devant la justice à Rabat.