Ceux qui ont décrit Ségolène Royal comme une femme politique qui vient de caler sa calèche dans le starting-block pour partir à la conquête du Parti socialiste, se trompent légèrement sur son tempérament et sa détermination. Après un suspense factice et une attente savamment entretenue, Ségolène Royal, la candidate malheureuse des socialistes à la dernière présidentielle, vient de tirer au clair son ambition de mettre la main sur le Parti socialiste qui doit réunir son congrès les 14 et 16 novembre prochain : «Si les militants en décident ainsi et l'estiment utile pour le Parti socialiste, j'accepterai avec joie et détermination d'assumer cette belle mission de chef du parti», avait-elle lancé mettant fin à de longs mois d'hésitation et de va-et-vient au sein d'un houleux débat : «Faut-il oui ou non un présidentiable à la tête du Parti socialiste ?». Ceux qui ont décrit Ségolène Royal comme une femme politique qui vient de caler sa calèche dans le starting-block pour partir à la conquête du Parti socialiste, se trompent légèrement sur son tempérament et sa détermination. Au soir de son échec présidentiel, elle venait de prendre conscience de la nécessité de contrôler le PS pour pourvoir espérer accéder à l'Elysée. Et depuis, faire tomber le PS dans son escarcelle est devenu l'obsession de tous les instants. Avec le recul, elle le dit avec des mots apaisés : «Ce qui s'est passé lors de la présidentielle a prouvé qu'il fallait une harmonie entre le principal parti d'opposition et le candidat ou la candidate». Pour Ségolène Royal, la conquête du Parti socialiste ne sera pas une promenade de santé et ce, pour plusieurs raisons. La première tient à la situation interne du PS. Malgré son « questionnaire participatif», Ségolène Royal semble minimiser les résistances et les forces susceptibles de se fédérer pour bloquer son ascension. Pour de nombreuses personnalités socialistes, le choix du premier secrétaire ressemble étrangement à un troisième tour de la présidentielle où il est surtout question de solder les comptes des primaires et de régler quelques comptes en suspens. La seconde raison est que la propre équipe de Ségolène Royal dont quelques symboles jouaient les hussards lors de la dernière présidentielle ont décidé de voler de leurs propres ailes et de se construire un avenir loin d'elle. Ainsi un de ses anciens plus emblématiques porte-parole Arnaud Montebourg, animateur du courant «Rénover maintenant» a décidé de rejoindre avec armes et bagages le courant de Dominique Strauss Khan «Socialisme et démocratie» pour écrire «ensemble une contribution destinée à rassembler autour de propositions communes la majorité des socialistes». Ainsi un de ses plus proches conseillers, Julien Dray, lui même candidat déclaré au poste de premier secrétaire, en est à user de l'humour noir directement issu de caves de boulangers qui ruisselle de dépit et de frustration pour commenter la démarche de Ségolène Royal : «Quand un pâtissier essaie de monter une pièce montée (...) pour une communion, un mariage, il y a la petite figurine au-dessus, elle est importante. Est-ce que le pâtissier commence à faire la figurine d'abord ? Non, en général, il commence à construire la pyramide. Il associe les choses. Ce qui est valable en pâtisserie est un peu valable en politique». Le commentaire de Julien Dray ruisselle de dépit et de frustration. La troisième raison tient aux choix politique et à la démarche de Ségolène Royal elle même. En choisissant d'appliquer à sa personne la règle de non-cumul des mandats, en préférant de continuer à assurer la présidence du Conseil régional du Poitou-Charentes plutôt qu'un mandat de députée à l'Assemblée nationale, Ségolène Royal s'est elle même involontairement privée d'une grande visibilité qui aurait pu entretenir ce «quelque chose qui s'est levé» pendant la présidentielle. Le succès d'estime de quelqu'un qui s'applique lui même ses promesse ne parvient pas à camoufler l'énorme handicap dont souffre Ségolène Royal en donnant l'impression d'être très éloignée des débats politiques qui agitent la société française sous l'ère Sarkozy. Ségolène Royal semble avoir raté une occasion on or de continuer à croiser le fer avec son challenger Nicolas Sarkozy, à le harceler quotidiennement , à lui demander des compte sur ses promesses de campagne… bref à s'imposer au jour le jour comme l'opposante numéro un capables de constituer, au moins aux yeux des socialistes, une alternance crédible. Au lieu de cela, Ségolène Royal entreprenait une communication d'ascète à l'aide de communiqués inaudibles et des postures contestables qui rendra difficile la conquête des esprits et des cœurs.